»On ne demande que l’application de la loi »

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Le litige opposant Algérie Telecom à Djezzy au sujet de la tarification de l’interconnexion, et rendu public depuis quelques jours déjà lors du débat organisé autour de la téléphonie mobile en Algérie, n’est pas prés de connaître son épilogue et risque même de prendre des proportions énormes.Comme attendu, le premier responsable d’Orascom Telecom Algérie, M.Hassan Kabbani, accusé mercredi dernier par le P-DG d’Algérie Telecom, M.Brahim Ouarets de “fraude professionnelle et de non-paiement des factures que lui doit l’opérateur historique», a réagi avant-hier par le biais d’une conférence de presse qu’il a animé au niveau de son siège, à Dar El Beida.D’emblée M.Kabbani a tenu à expliquer que les problème d’interconnexion entre l’ensemble des opérateurs de la téléphonie mobile et Algérie Telecom (fixe) ont toujours existé et que si son entreprise n’a pas abordé publiquement ce problème, c’est parce que AT leur a promis des améliorations qu’ils attendent toujours. Il fera savoir que maintenant que le problème persiste et que les capacités des lignes d’AT, qui sont de l’ordre de 3 millions, ne se développent pas au rythme de Djezzy qui a dépassé les 6 millions d’abonnés, créant ainsi des coupures fréquentes et de la congestion qui gênent les consommateurs dans leurs appels vers d’autres réseaux, il est temps d’en parler. Revenant sur ce que M.Kabbani considère comme une «infraction à la loi» et une «illogique économique» et qui a justement fait l’objet de son intervention lors du débat qui a enclenché cette polémique, la tarification de l’interconnexion, il rappellera que la loi est claire à ce sujet. Elle oblige les opérateurs à s’interconnecter en orientant les tarifs vers les coûts et en omettant la surfacturation afin d’éviter les manipulations des appels. Le boss d’OTA avancera également que le tarif d’Algérie Telecom pour les liaisons est supérieur aux coûts dans de grandes proportions et appellera l’assistance à consulter sur le site Web de l’ARPT les saisines qui y étaient introduites par OTA et Watania. Il reviendra par ailleurs sur les tarifs de co-localisation d’AT jugés «excessifs» en soulignant que «le M2 à Alger coûte 2000 dinars par mois, et l’on doit donc payer tous les trimestres 6 millions de dinars les 100 M2, soit l’équivalent du prix d’achat de cette surface». Pour appuyer ses propos, Hassan Kabbani notera que les tarifs proposés par les trois opérateurs mobiles, y compris Mobilis sont largement inférieurs. Ce qui est pour lui «une preuve édifiante que le tarif d’AT n’est pas fondé sur les coûts comme l’exige la loi».Le second problème soulevé par Kabbani est le tarif de l’énergie chez Algérie Telecom et qui est de 5000dinars le KW/h alors que «les trois opérateurs mobiles le proposent dans leurs catalogues à un tarif cent fois moins cher». Reprochant à AT de ne fournir aucune justification de ses tarifs et de se contenter de dire qu’ils sont valides parce qu’homologués, le DG d’OTA précise que «c’est justement cette homologation qu’il proteste en demandant à l’ARPT de la reconsidérer à la lumière des coûts réels.». Voulant temporiser et se montrer patient, il affirmera que «l’autorité de régulation a peut-être mal analysé le catalogue de tarification et rapidement décidé sans avoir suffisamment d’éléments pour juger de l’impact d’une telle mesure sur le marché de la téléphonie et sur le consommateur».Répondant à Brahim Ouarets sur le non-paiement de ses factures et des faramineuses créances de l’OTA, Kabbani avancera que «Djezzy a appliqué la décision de l’ARPT stipulant que les opérateurs se réglant mutuellement leur dette sur une base de paiement provisoire et a envoyé une demande sur cette base à AT qui s’est refusée à la régler». Il soutiendra que «le solde des créances mutuelles étant en sa faveur, l’OTA n’a donc pas réglé AT des sommes qu’elle lui doit de son côté». Quant au chiffre de 4,8 milliards de dinars évoqué par M.Ouarets pour la co-localisation, Kabbani rétorquera que «ce service devait faire l’objet de la signature de contrats qui n’ont jamais été négociés entre les parties et de ce fait, OTA rejette cette facturation unilatérale en raison de son caractère non contractuel». Les autres 10 milliards avancés par le même représentant d’AT ont été commentés par M.Kabbani en ces termes «OTA n’a pas reçu de factures valides d’AT pour un tel montant mais pour 5,1 milliards de DA, plus des factures erronées de 2 milliards, à refaire pour environ 1,6 milliards de DA, mais non encore reçues à ce jour». Pour conclure, Kabbani évoquera l’accusation de la fraude professionnelle sur le contournement des appels internationaux qu’il qualifiera de «grave» en soulignant que «s’agissant d’une saisine en cours d’instruction par l’ARPT, nous nous contenterons de dire que les éléments démontrant notre innocence sont entre les mains des acteurs concernés». Pour toute réponse, il s’interrogera si «une entreprise cotée en bourse et qui investit 2 milliards de dollars prendrait le risque de commettre des actes de fraude alors qu’elle a en sa possession tous les moyens de recueillir le fruit de ses efforts.” Il déplorera également cette manière d’agir, ce qui fait qu’on s’entende sur un bon nombre de conditions avec l’investisseur qui met en œuvre des projets à long terme et que, du jour au lendemain, des changements infondés surgissent pour tout remettre en cause.M.Kabbani terminera en annonçant qu’ «une saisine a été déposée au niveau du Conseil de l’Etat, qu’Algérie Telecom répondra de ses accusation et qu’à la fin OTA ne revendique que l’application de la loi sans aucune faveur».

H.Hayet

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