«Le combat du cœur» fait un tabac !

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Le film «Le combat du cœur» a fait recette.

La salle où il a été projeté samedi après-midi, n’a pas cessé de vibrer sous les applaudissements. En langue amazighe et sous titré en français, il a duré près de deux heures et demie (2h20). Dans notre entretien avec le réalisateur, dans la matinée, nous pouvons trouver un début d’explication de ce succès : «Il faut donner au public ce qu’il cherche» Le titre annonce les couleurs : Le combat du cœur. Le film qui est le troisième long métrage de Mohamed Rahel s’empare d’un thème qui a fait les heures de gloire des grands classiques (Molière, Marivaux, Beaumarchais et même Labiche). Sarah et Vassim, deux étudiants qui s’aiment. Mais cet amour est contrarié. Le frère de Sarah est jaloux de sa sœur. Sous le couvert de défendre l’honneur de la famille, il s’oppose aux études de Sarah. Irascible comme son père, il lui mène la vie dure à la maison. Mais la jeune fille trouve le réconfort nécessaire auprès de Vassim. Les moments qu’elle passe sur le banc public avec leurs camarades (Amel et son fiancé deux étudiants aussi) lui font oublier le cauchemar qu’elle vit à la maison. On découvre à travers ses confidences que le père est alcoolique et le frère, un drogué. Un jour, les quatre amis vont faire du lèche-vitrine le long de la rue Mahdid Abdelkrim. Ils sont devant un magasin de vêtements pour femmes. Sarah n’arrête pas d’admirer les robes, les ensembles, les pantalons. Mais là se limite son pouvoir, car la jeune étudiante est pauvre. Qu’à cela ne tienne, Vassim, qui le sait par leur amie commune Amel, est riche. Au moment de quitter le magasin, il reste en arrière et achète tout ce qui a plu à son amie. C’est Amel qui, plus tard, reçoit le cadeau et le remet à son amie Sarah. La découverte de ce cadeau par le frère lorsque Sarah rentre à la maison met celui-ci à deux doigts de tuer sa sœur. Quand elle revoit Vassim, Sarah lui fait part de ses soucis : une seule solution s’impose s’ils veulent continuer à s’aimer et à se voir : que le jeune vienne demander sa main à son père. La semaine suivante, la famille de Vasim, qui est fils unique, arrive chez les parents de Sarah. La tenue de Vassim, coupe de cheveux comprise, déplait foncièrement au père qui ne prend pas de gant pour signifier son refus. La famille de Vassim rentre chez elle, outrée.

L’action, un sédatif contre l’ennui

Le désespoir des deux jeunes gens qui se sentent incompris les pousse à fuguer. Vassim demande de l’argent à son père, prend sa Golf et son amie à bord et quitte Bechloul où ils habitent tous les deux pour un appartement à Bouira. L’appartement plait à Sarah. Les couleurs des rideaux, l’ameublement, la vue même la plongent dans un profond ravissement. Mais voilà que comme ils sortent en ville pour faire des provisions, un truand voit le paquet d’argent que Vassim sort de sa poche pour payer. Il l’attend à la sortie et armé d’un couteau, il exige de ce dernier qu’il lui remette tout son argent. Vassim n’est pas seulement beau et riche, c’est aussi un costaud et bien entraîné. Il désarme son agresseur qu’il envoie rouler à terre. Ce dernier a deux complices et Vassim est obligé de montrer tout son talent de lutteur pour en venir à bout. Après quoi, les deux jeunes prennent la tangente. Mais sur la route du retour, deux véhicules les prennent en chasse. Vassim est obligé de s’arrêter. Trois individus arrivent sur lui. Il réussit sans difficulté à mettre le premier assaillant groggy, mais les deux autres lui donnent du fil à retordre. Il ne parvient à les neutraliser qu’au prix d’un effort surhumain. Les deux jeunes gens prennent la fuite. Dans sa terreur, Vassim ne cesse d’appuyer sur l’accélérateur. Dès que l’aiguille du compteur se stabilise et Vassim ne contrôle plus son véhicule. C’est l’accident.

On retrouve les deux jeunes gens à l’hôpital de Bouira. Sarah est la plus atteinte. Elle est admise en salle de réanimation. Peu à peu, cependant, Nassim recouvre ses esprits et sa volonté de quitter les lieux. Il feint de donner à examiner son épaule au médecin et lui assène deux coups qui le mettent à terre. Puis son bras droit autour du cou de son soigneur, il serre jusqu’à ce que ce dernier tombe dans les pommes. Il se travestit alors en médecin et va dans la salle de réanimation. Sur son chemin, il tombe sur l’infirmière qui la soigne. Comme elle essaie de lui barrer la route, il lui administre une gifle magistrale et la fille ne bouge plus. Il débranche ensuite tous les tuyaux qui permettent à la jeune fille de rester en vie. Et soudain, celle-ci se réveille. Appuyée sur son amoureux, elle quitte l’hôpital. Rentrés chez eux en taxi, ils sont accueillis en héros. Cette escapade a permis aux deux familles de se rapprocher. Le film se termine sur une scène de mariage.

Un concept de proximité

Peut-être ces deux facteurs que nous espérons avoir suffisamment soulignés, celui de l’amour et celui de l’action, ont-ils joué ce samedi après-midi, pour attirer les spectateurs. Peut-être ils ont été beaucoup dans leur enthousiasme face aux scènes les plus émouvantes de ce long métrage. Mais nous avons des raisons de croire qu’ils n’ont pas été les seuls à avoir créé cette ambiance. Il y a eu autre chose. Il y a eu, en effet, ce que l’on peut appeler l’effet de proximité. Ce concept a rendu de fiers services en matière de sécurité avec la création de la police de proximité. Il a montré son efficacité en matière de journalisme. Il est en train de prouver qu’il est capable d’arriver aux mêmes résultats avec le cinéma.

Qu’est-que le cinéma de proximité ?

Le spectateur voit se projeter devant lui des lieux et des visages familiers, mais que la pellicule mirifie. Ainsi, avec «Le combat du cœur», avons-nous eu la preuve de ce phénomène de proximité ? À l’université le public, en reconnaissant les lieux, a applaudi. Lors des échanges de Sarah et de Vassim sur les bancs publics, le spectateur a applaudi. Lorsque le jeune couple a quitté Bechloul, il a applaudi. Il applaudi pendant les deux bagarres avec les trois malfrats. Les mêmes ovations ont salué la vue panoramique de Tikdjda, les plages de Béjaïa, la route d’El Esnam et les noces sur lesquelles le film a pris fin. Qu’est-ce que le public a applaudi en fait ? Des personnages de sa connaissance auxquels il s’identifie d’autant plus facilement qu’il côtoie tous les lieux qui, par leur familiarité facilite le travail de projection par la mémoire. Ainsi : «Je m’identifie à Vassim, parce que Vassim est de Bechloul, donc un gars de ma région. Un gars que je peux voir et toucher.» La Cité Abbès Boudjnane où j’ai vu les deux amoureux se refugier pendant leur fugue, m’est accessible à la fois par l’image et par la connaissance que j’ai du lieu.» Bref, toute cette psychologie créée par le concept de proximité a joué à fond pour susciter une certaine fierté celle qui consiste à rendre les héros et les lieux, devenus mythique par la fiction, plus proches et plus accessibles. Quelques observations sont nécessaires. D’abord à propos du titre, Le combat du cœur. La fugue, nous semble mieux convenir. Car, le film ne raconte pas autre chose. En plus, c’est grâce à elle que l’action dramatique se dénoue. La seconde observation concerne le personnage de Vassim. Il nous semble qu’il est le pivot de cette action dramatique. Moins beau, moins riche, moins «à la page», il n’aurait pas suscité de la part de la famille de Sarah tant d’animosité et de rejet. Il y a encore ces scènes de violence. Justifiées tant que Vassim les subit, elles deviennent condamnables quand c’est Vassim qui les déclenche, comme avec le médecin et l’infirmière. Enfin, la scène finale aurait pu être écourtée. Là en sort de l’action dramatique pour retomber de pleins pieds dans le simple reportage. Quoi qu’il en soit, le film a plu dans l’ensemble. Il a mérité l’accueil chaleureux que lui a réservé le public, ce samedi après-midi.

Aziz Bey

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