Ould Kablia corrige Ali Kafi

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Dans une conférence animée, hier à la Maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, à l’occasion de la célébration du 50e anniversaire des accords d’Evian, Daho Ould Kablia, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales et président de l’association des anciens du MALG (Ministère de l’Armement et des Liaisons Générales) a tenu à rétablir certaines vérités historiques à propos, notamment, de Abane Ramdane et de Krim Belkacem.

Concernant Abane, et tout en restant fidèle au thème de sa conférence, Daho Ould Kablia, en sa qualité d’acteur actif de la lutte pour la libération du pays, a tenu notamment à démentir ce qu’il a appelé « les insinuations » de Ali Kafi, à propos de l’accusation portée par l’ex chef du HCE envers Abane sur les soi-disant contacts secrets avec la France, en citant le rôle joué par l’architecte du Congres de la Soummam dans les négociations officieuses avec l’Etat français depuis 1956. Pour le conférencier, celles-ci remontent au mois de mars 1956, lorsque Abane Ramdane avait exigé de l’émissaire de Mendès France de constituer d’abord une délégation algérienne officielle composée de représentants du FLN de l’intérieur et de l’extérieur du pays et qui aura en face une délégation française de haut rang, comme préalable à toute négociation. Concernant le colonel Krim Belkacem, chef de la délégation algérienne aux accords d’Evian, Ould Kablia n’a pas hésité à qualifier l’homme de véritable cheville ouvrière tout au long du processus qui avait mené l’Algérie à son indépendance. «Krim Belkacem était l’homme qui avait marqué de son empreinte les négociations d’Evian, qui ont abouti à l’Indépendance de l’Algérie», insistait l’hôte de la ville de genets face à un auditoire où se trouvait, notamment, la famille du colonel à laquelle Daho Ould Kablia a tenu à rendre un hommage appuyé. Profitant de sa présence dans la capitale du Djurdjura, le président de l’association des anciens du MALG a tenu également à mettre en exergue dans sa conférence l’important rôle joué par la wilaya III durant la guerre de libération nationale, sur le plan politique et surtout militaire. En témoigne, indique le conférencier, cette confidence faite par le général De gaule à ses militaires lors de sa visite en Kabylie en 1959, au lendemain de la célèbre opération Jumelle qui avait fait 20.000 victimes du côté algérien.

«Krim avait marqué de son empreinte les négociations d’Evian»

« Merci messieurs, vous avez réussi une grande opération militaire, mais sachez que le peuple algérien s’éloigne de plus en plus de vous ». Revenant sur le rôle joué par le colonel Krim Belkacem durant les négociations d’Evian, en sa qualité de président de la délégation algérienne, l’orateur, tout en louant le sens de nationalisme de l’enfant de Draâ El Mizan, qui avait occupé au sein du GPRA les portefeuilles des Affaires étrangères, sous la présidence de Ferhat Abbas, et de celui de l’Intérieur, sous l’égide de Benyoucef Benkhedda, a tenu également à mettre en exergue la force de conviction de l’homme et sa détermination à ne pas se laisser avoir par ses vis-à-vis français. Daho Ould Kablia a cité à cet effet, une confidence que lui avait faite le défunt M’hamed Yazid, à l’issue d’une visite officielle de Krim à Moscou en 1960. Reçu par le président de l’ex URSS, Nikita Khrouchtchev, le ministre des Affaires étrangères du GPRA, n’a pas laissé indifférents ses hôtes russes. «Khrouchtchev et Krim partagent les mêmes rondeurs, tout en ayant les idées carrées». Une confidence qui en dit long, estime Daho Ould Kablia, de la stature de Krim Belkacem.

Dans sa conférence donnée sous forme d’un cours magistral, l’actuel ministre de l’Intérieur et acteur de la lutte pour l’indépendance du pays en sa qualité d’ancien membre du MALG, a tenu à retracer la chronologie des négociations d’Evian depuis leur lancement officiel, le 20 mai 1961, jusqu’à l’aboutissement au cessez-le-feu, le 19 mars 1962, non sans remonter jusqu’aux premiers contacts officieux entre les autorités françaises et les responsables du FLN en 1956. Des contacts marqués par les nombreuses tentatives de la partie française, témoigne le conférencier, de créer la zizanie afin de discréditer la lutte du peuple algérien pour son indépendance. Daho Ould Kablia est revenu, notamment, sur le fameux plan de Constantine initié par Charles De Gaule, tout comme la fameuse paix des braves. Ould Kablia a cité également, certaines luttes internes qui ont marqué la Révolution algérienne, à l’instar de l’épisode de l’armée des frontières, qui n’était pas d’accord avec le GPRA, y compris en plein négociations d’Evian, ou bien cette histoire des cinq chefs révolutionnaires dont l’avion fut détourné par les français et lesquels, confie Ould Kablia, le GPRA a tenu a associer dans tout le processus des négociations avec la France en exigeant, notamment leur libération, avant que certains parmi ces chefs, ajoute Ould Kablia, sans toutefois les nommer, ne tournent le dos après l’indépendance à ce même GPRA.

Dans sa conférence, Ould Kablia a surtout insisté sur le rôle joué par les membres de la délégation algérienne, durant les négociations d’Evian, concernant l’intégrité territoriale face aux ambitions des français sur le Sahara et les bases militaires auxquels ces derniers voulaient à tout prix réserver un statut particulier, allant jusqu’à proposer, selon le conférencier, à n’accorder l’indépendance qu’aux treize départements du Nord et exclure, ainsi, le Sahara.

Ali C.

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