Cheikh Namous témoigne

Partager

Son âge avancé ne l’empêche point de participer aux différents hommages qui sont organisés ici et là en l’honneur de ses camarades et frères de la famille artistique. C’est du moins ce qui s’est dit sur lui lors de l’entretien direct qui lui a été consacré mardi dernier à la maison de la culture, dans le cadre de l’hommage qui lui a été dédié. Lui, c’est Mohamed Rachidi, surnommé Cheikh Namous. Il convient de souligner que ce dernier appelé le «doyen des banjoïstes», n’a pas hésité un moment malgré sa fatigue apparente de faire le plaisir de parler un peu de lui, de ceux qu’il a côtoyés au cours de son long et riche parcours ainsi que de raconter brièvement sur la situation des artistes algériens, à l’ère du colonialisme français. Ainsi et comme signe de reconnaissance et de remerciement, ils sont été assez nombreux à venir marquer leur présence à ses côtés, durant ces deux journées qui lui ont été consacrées, pour un hommage appuyé mais aussi pour l’immense plaisir de l’écouter. Cheikh Namous pour le président de l’association des amis de la rampe, M. Lounis Aoudia, n’est autre qu’un «trésor fertile du patrimoine musical andalous, chaâbi et kabyle, et un monument de la culture algérienne». M. Lounis s’est longuement étalé sur les conditions et les circonstances dans lesquelles a grandi l’artiste honoré ceci tout en lui cédant parallèlement la parole. En évoquant le sujet de la place de la radio pendant la période du colonialisme, cheikh Namous s’est contenté de dire qu’il «y’avait deux salles, une pour le classique et l’autre pour le kabyle, moi j’ai opté pour la deuxième», Quant aux bureaux, il dira qu’«ils étaient beaucoup plus étroits que ceux des français, de même l’artiste était mal payé et méprisé», ceci pour dire qu’il y’avait une ségrégation flagrante et une censure, c’est dire que les chansons politiques qui ont rapport au combat pour l’indépendance de l’Algérie ne passaient à la radio qu’avec des sacrifices et risques. même de manière discrète, elles faisaient souvent objet de censure. «Cela n’empêche que même lors de la célébration d’un mariage à l’époque, en entame la cérémonie par un champ patriotique et nous arrivions à faire passer le message», révèle-t-il . Sur ce point, M. Aoudia dira que «les artistes avaient une conscience politique, et ce qu’ils faisaient était une véritable résistance culturelle». C’est d’ailleurs un point que l’animateur de l’entretien a évoqué et sur lequel il a insisté parler des conditions de vie et de travail des artistes de sa génération. «C’est dans ce contexte historique de l’Algérie colonisée que l’artiste Namous a grandi à la casbah, dans une ambiance chaleureuse de fraternité de solidarité de traditions et de repères civilisationels qui constituaient la trame des valeurs humaines de la société algérienne», a-t-il relaté dans le même sillage. Pour ce qui est de son pseudonyme (chikhNamous), le concerné répondra : «La personne qui m’a donné ce surnom ne fait plus partie de ce monde, elle m’appelait ainsi parce que étant jeune, je participais beaucoup à des cross, et j’arrachais souvent le premier prix, c’est pour cela que je fus surnommé ainsi. Je ne vous cache pas qu’au début, ça me déplaisait, de même qu’à un moment donné j’ai failli me quereller à cause de ce pseudo». Cheikh Namous a cité plusieurs artistes avec qu’il a connus et avec lesquels il a travaillé. Il évoquera entre autres, Saloua, H’ssissen, Fadhila Ezirya, H’nifa, Nouara, Cherif Kheddam, Akli Yahiatene, Areb Bouzlaguen, Djida et Taleb Rabah. A noter q’à propos de la manière dont ceux-ci vivaient, cheikh Namous dira qu’ils «vivaient en communion, se respectaient et s’aimaient». Après l’entretien direct avec cheikh Namous, M. Lounis Aoudia a insisté sur le devoir de considération du parcours de l’artiste honoré «parce qu’il représente une mémoire vivante et un important monument historique», conclut-il.

R. S.

Partager