Restriction et gaspillage

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Ramadhan, censé être un mois de ferveur et de piété, est sans contexte le mois des contradictions : tandis que certains vont prier, d’autres ne trouvent pas mieux que de détrousser leur prochain-d Ibiê w chra : c’est le commerce – on appelle à la modération mais en même temps on s’empiffre, -d ramd’an, c’est le Ramadhan- on prêche la douceur et la fraternité mais on cherche des prétextes pour se disputer, voire se battre – uz’amen : on jeûne ! Mais le plus surprenant, ce sont ces gens qui, toute l’année se plaignent d’être dans le besoin et s’astreignent à des restrictions de toutes sortes et qui, le mois de jeûne arrivé, lâchent la bride. ll est légtime de chercher à améliorer le quotidien, en un mois où le consommateur est fortement soIlicité par les monceaux de nourritres et les douceurs de toutes sortes mais on n’a pas besoin, quand on n’en a pas les moyens ou que les moyens sont insuffsants, de s’adonner au gaspillage ! Pourquoi acheter dix pains alors qu’on n’en consommera que cinq ou six, pourquoi, au prix où est la semoule, pétrir deux galettes alors qu’une seule suffit, pourquoi préparer trois plats alors qu’avec un seul on est rassasié, pourquoi acheter deux ou trois variétés de fruits, de la limonade et du jus. Dans certaines familles on va jusqu’à vendre des bijoux ou des meubles pour parer aux dépenses du ramadhan. Et quand on n’a rien à vendre, on emprunte. Il faut gagner plus que le smic pour pouvoir offrir, pendant tout le ramadhan, de la viande, des fruits et du qelbelouze à chaque membre de la famille, que la famille soit réduite ou nombreuse. Ce n’est qu’après, au moment de faire les comptes, qu’on se rend compte qu’on a gaspillé, en un mois, ce que l’on aurait pu dépenser en une année, et qu’il faudra, pour le reste de l’année, se serrer la ceinture.

S. Aït Larba

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