La ville croule sous les ordures

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Depuis la semaine dernière, les différentes décharges recevant les déchets qui proviennent des communes limitrophes à Akbou sont fermées par les membres de l’association socioculturelle Assirem, soutenus par les villageois de Biziou, empêchant même les services communaux chargés de la collecte des déchets d’y accéder.

Pourtant, lesdites décharges sont légales. Elles existent bel et bien et se situent sur le lit de l’oued Soummam, à quelques encablures des habitations. «Le dépotoir est soumis à un cadre légal avec un PV. Depuis 1983, date où il a été mis en service on n’a pas eu ce genre de protestation. Il y avait certes eu des oppositions, mais pas de cette ampleur», nous indique Kamel Benanoune, P/APC d’Akbou. Selon notre interlocuteur, à force d’un usage permanant et itératif, la décharge est devenue intercommunale. A cet effet, elle s’étend sur une superficie de plus 2 hectares. Plus de 40 tonnes de déchets provenant de plusieurs communes y sont déversés chaque jour. Par ailleurs, les décharges sont devenues indésirables pour les villageois qui semblent être affectés par les odeurs nauséabondes. Les contestataires affirment que les fumées générées par l’incinération des déchets suscitent désarrois et mécontentements auprès des habitants. Quant aux responsables, ils sont entre l’enclume et le marteau. D’une part, une ville qui s’affaisse sous les ordures ayant suscité autant d’inquiétude chez les citadins et d’une autre, les villageois protestataires, qui ne décolèrent pas. Dans ce cas là les responsables jugent que la réouverture des décharges est une priorité. En effet et dans le même sillage, une réunion a eu lieu dernièrement au niveau de la daïra. Une réunion qui a vu la participation du P/APC d’Akbou et celui d’Amalou, les représentants de ladite association et le sous directeur de l’environnement au niveau de la direction de Béjaïa. Selon le maire d’Akbou, lors de cette réunion, il a été décidé d’«agrandir la surface de la décharge comme une réponse à la contestation pour aller prochainement à la résolution définitive du problème». Et d’enchainer : «J’admets que les décharges ont des retombées néfastes et apparentes, notamment chez ceux qui y habitent tout prés. Cependant, leur délocalisation ne résout pas le problème. On ne peut pas choisir un autre terrain. En revanche, on va procéder à l’arrêt des incinérations d’où vient l’ennui capital. Mais à l’état actuel, il faut immédiatement qu’on rouvre ces décharges». Il y a lieu également de noter qu’un centre d’enfouissement technique est en voie d’étude. «Un CET sera projeté à Gualdamane, lequel est dans sa phase d’étude depuis 1997. Cependant, nous faisons face aux mêmes oppositions de la part des habitants de la région. D’où la nécessité de vulgariser ce genre d’initiatives pour éviter une toute autre appréhension qui n’est aucunement justifiée», conclut-il.

Le centre d’enfouissement technique tarde à être réalisé

Pour éradiquer les décharges sauvages ou légales qui polluent l’environnement et donnent une mauvaise image de Béjaïa, une région à vocation touristique par excellence, les pouvoirs publics ont accordé 18 centres d’enfouissement techniques pour 40 communes de la wilaya. Seulement, leur réalisation est loin d’être une mince affaire pour les pouvoirs publics du fait que parfois, des citoyens s’opposent à leur implantation. La question que le commun des mortels se pose, pourquoi une campagne de sensibilisation n’est pas faite à l’adresse des citoyens pour leurs expliquer qu’un centre d’enfouissement technique, de par ses bienfaits, présente assurément beaucoup moins de risques de pollution, selon les spécialistes en la matière.

Si les pouvoirs publics ont opté pour des CET, c’est que ce procédé est beaucoup plus fiable. C’est une fosse large creusée au sol, dans laquelle sont déversées les ordures ménagères. Une fois celle-ci remplie, elle sera enveloppée d’une couche de terre et une autre fosse sera creusée à coté pour relayer la première.

Au bout de quelques années, les immondices de la première fosse deviendront du fumier qui sera utilisé en agriculture. En haute vallée de la Soummam, un centre d’enfouissement technique a été accordé il y a quelques années par les pouvoirs publics et il concerne les communes d’Akbou, d’Amalou, de Seddouk et d’Ouzellaguen. L’endroit choisi pour son implantation est à Gueldamen. Seulement, selon un élu, le projet tarde à être réalisé suite aux oppositions de citoyens qui ignorent probablement que l’enfouissement des ordures ménagères ne présente que des avantages contrairement aux incinérations.

M. Chalal et L. Beddar

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