«Franchement, j’ai cru Laïfaoui mort»

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La Dépêche de Kabylie : M. Haddad, que pouvez-vous dire sur ce qui s’est passé à Saïda ?

Rebbouh Haddad : Franchement, je ne trouve pas les mots pour décrire ce que l’équipe a vécu à Saïda. Je n’ai certes pas fait le déplacement avec l’équipe, mais il n y’a qu’à voir les conséquences pour comprendre que l’USMA a été victime d’atrocités qu’on a du mal à croire. On a 13 blessés au sein de l’équipe sans compter les anonymes. Quand j’ai vu les images de Laïfaoui sur Internet, je me suis dis, ce n’est pas possible, c’est l’image d’un mort. Je vous assure que je ne me suis rassuré sur son cas qu’une fois que l’ambulance qui le transportait est arrivée à Alger.

De quoi souffre t-il exactement ?

Il a été gravement poignardé dans le dos, et c’est un miracle qu’il a eu la vie sauve. Charchar, le secrétaire du club est lui aussi gravement touché.

Et quels sont les autres joueurs blessés ?

Ils sont nombreux. Mais je retiens surtout les cas de Hamiti qui s’en est sorti avec une fracture et de Maïga aussi. Bouchama a été quant à lui, complètement défiguré. Il est resté pendant deux heures inconscient. D’autres joueurs ont aussi été sauvagement pris à partie avec des armes blanches et autres objets en tous genres.

Mais comment en est-on arrivé là ?

Ce genre de situations ne date pas d’aujourd’hui pour nous. Et quasiment là ou on est passés, on a toujours été attendus de pied ferme. Mais là ça a dépassé tout entendement.

Mais le stade n’était-il pas sécurisé ?

Ceux qui devaient assurer la sécurité y compris leur responsable, ont été trop passifs, ils ne sont intervenus que tardivement. Pendant un long moment, ils se sont contentés d’observer, c’est comme s’ils ne se sentaient pas mêlés, donc ils sont restés à l’écart. Après coup, ça était trop tard, le mal était fait. D’ailleurs, je vous cite la réaction d’un de nos dirigeants qui a eu cette phrase à la face du wali et du chef de sûreté de wilaya, qui venaient rendre visite aux blessés à l’hôpital : «C’est maintenant que vous vous pointez, vous êtes venus assister à notre enterrement ?» Je n’en fais aucun commentaire : la réaction du dirigeant est révélatrice de l’atrocité des moments que l’USMA a vécue sur place.

Et les responsables de l’équipe locale dans tout cela ?

Comme je vous l’ai dit, l’USMA a toujours eu des accueils particuliers. Cette fois à Saïda, on m’a rapporté que quelqu’un est arrivé avec un sachet plein de dossards pour les distribuer à tout va, à des gens qui seront présentés par la suite comme de soi disants stadiers qui resteront sur la main courante. La suite, on la connaît…

Et qu’allez-vous faire maintenant ?

D’abord, se rassurer sur nos blessés. L’équipe a vraiment besoin de dépasser ce traquenard vécu à Saïda. On a par ailleurs écrit à la FAF et la Ligue professionnelle. Que chacun assume ses responsabilités.

Entretien réalisé par R. Boumezrag

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