Le Printemps berbère célébré

Partager

Fraîchement créée, l’association culturelle Tagmatt du village Ath Saci relevant de la commune d’Ighil Ali et a par le biais de ses jeunes membres majoritairement universitaires, célébré dans la soirée du vendredi dernier les rituelles festivités de Tafsut Imazighen.

Etant à leur première activité les jeunes de Tagmatt avaient l’aubaine, mais aussi la responsabilité de se retrouver comme le seul village de la région des Ath Abbas qui célébrera cette journée tant importante dans l’histoire du combat identitaire en Algérie. Les membres de l’association Assirem de Boudjellil ayant la coutume de commémorer ce genre de dates, s’interdisent, cette fois-ci, un tel «risque» eu égard à cette période de campagne électorale comptant pour les prochaines élections législatives. «Nous ne pouvons pas nous amuser à célébrer cette journée, et ouvrir probablement un champs à d’éventuelles récupérations politiques», s’explique un de ses membres. Quant à l’association d’Ighil Ali, elle venait tout juste de revenir de la commémoration du cinquantième anniversaire de la mort de Jean Amrouche, à travers des festivités qui avaient duré trois jours. Les jeunes d’Ath Saci, armés de leur volonté et motivés par leur soif d’activités, ont parfaitement réussi cette journée. Après le mot de M. Saci Chaâbane, président de ladite association où il a remercié les nombreux présents et a incité les habitants à l’aider dans ce qu’il désigne par «des activités d’intérêt général», la parole est donnée à M. Kaddour Nadir, enseignant de tamazight. Ce dernier s’étale sur les ouvrages que ne cessent de produire des écrivains en langue berbère et sur l’indispensabilité de tels recueils pour l’évolution de toute langue. Le maire de la commune d’Ighil Ali, quant à lui, affiche sa disponibilité à aider toutes les associations fructueuses de sa localité et les encourage à d’autres manifestations qui ne peuvent qu’être utiles dans une région en manque de loisirs. Juste avant le gala artistique animé principalement par Kamel Saïb et Mahmoud Amazigh, tous les élèves de l’école primaire d’Ath Saci ont été récompensés pour leurs bons résultats scolaires par des petits présents symboliques. Au milieu des chants engagés, une minute de silence est observée à la mémoire de tous les martyrs du combat identitaire en Algérie, notamment les jeunes assassinés lors du printemps noir en 2001.

Enfin, il est à noter que la cérémonie a été clôturée très tardivement dans la nuit et les membres de l’association Tagmatt promettent aux habitants de cette petite bourgade à être au rendez-vous de toutes les échéances culturelles à venir.

L’association Imazighen au rendez-vous à Ath M’likèche…

Contrairement aux années précédentes où la célébration du printemps berbère a toujours été folklorisée et où les initiateurs et organisateurs se sont contentés de galas artistiques, cette année, l’association culturelle Imazighen a repris le flambeau et banni les anciennes méthodes de célébration de cette date symbolique qui est le 20 Avril, pour en faire un hommage par des activités culturelles dignes du nom. En effet et pour une première action depuis sa création, l’association Imazighen d’Ath M’likèche a été au rendez-vous ce vendredi pour marquer ce double anniversaire du Printemps berbère et Printemps noir par un riche programme élaboré à cet effet et dont le contenu est une exposition relatant l’important parcours des acteurs de la revendication identitaire depuis Avril 80, à ce jour. Celle-ci fut suivie d’un jeu culturel et d’un concours de poésie d’où l’émergence d’un jeune talent qui a marqué cet événement par son poème dédié au rebelle Lounès Matoub dont l’auteur, Ouyahia Tayeb, un jeune lycéen a émerveillé le nombreux public. Pour la clôture de cet événement, les présents ont eu droit à une représentation théâtrale de la troupe «Ifartata» (les papions) du village Lemcela, une troupe composée de jeunes talents à l’image de Ziane Belaïd, Achmoukh Youva et Ouamara, pour ne citer que ceux-là parmi tant d’autres génies qui composent la troupe.

Après la remise des prix aux lauréats et participants, Rekkas Lounes, président de l’association Imazighen d’Ath M’likèche en présence d’autres éléments actifs de l’association, à l’exemple de Hakim Ath-Slimane et Badji Malek, nous dira : «Pour une première action, je pense qu’on a réussi et cela grâce à la disponibilité et présence des jeunes ainsi que l’aide précieuse de l’association Sidi El Moufak par son apport considérable».

…A Akbou timidement !

Les associations socioculturelles qui marquent généralement le 20 Avril, ont été cette année «hors circuit». A titre d’exemple, la fameuse Etoile culturelle d’Akbou s’est contentée de quelques activités animées par des jeunes. Selon son vice-président, Salah Loualia, les élections législatives en sont la principale raison. «On a évité toute activité qui pourra être, par la suite, récupérée politiquement». Autre raison de cette date passée «non événement», selon notre interlocuteur, est due, en parallèle, à l’occupation de plusieurs salles par les candidats en pour la campagne électorale. Concernant les autres associations à l’image de SMAC d’Azaghar et DESS, elles ont juste marqué leur présence par de modestes activités. Expositions, pièces théâtrales, conférences animées par des jeunes…sont pour autant le menu disponible. Les présidents des associations nous ont confié que l’argent subvenu par l’APC pour les associations n’est pas encore alloué. Ce qui a mis leur situation dans une asphyxie financière. «Les subventions dont nous bénéficions chaque année ne sont pas encore attribuées. Pour cela, on est obligés d’aller chercher des cotisations pour quelconques célébrations», dira un activant dans une association.

…Et Thadoukli s’en souvient à Seddouk

A l’occasion du double anniversaire du Printemps berbère, un programme riche et varié s’étalant sur quatre jours a été concocté par l’association socioculturelle Thadoukli du quartier Ighil Hamama, dans la commune de Seddouk. Le coup de starter de cette manifestation grandiose a été donné le 17 avril avec un tournoi de football mettant aux prises plusieurs clubs, suivie d’une exposition s’étalant sur toute la durée de cette fête.

Les premiers qui en ont tiré profit sont les jeunes qui ont suivi avec intérêt les conférences animées par des professeurs de renom exerçant à l’université qui n’ont pas lésiné sur le temps ni sur leur volonté pour expliquer l’importance de célébrer aujourd’hui ces deux dates marquantes du mouvement culturel berbère et les causes les ayant engendré. Ce festival culturel est clôturé par une pièce théâtrale intitulée Inassen jouée par la troupe de l’association, en plus de la finale du tournoi qui a eu lieu au stade municipale de Seddouk dans un cadre festif où ont pris part dans les tribunes de nombreux spectateurs composés de jeunes et de moins jeunes, ainsi que de nombreux vétérans toujours adeptes du sport. Le public venu en masse n’a pas regretté le déplacement, car il a trouvé les joueurs à la hauteur. D’ailleurs, une vraie communion s’était vite installée entre eux. Les organisateurs promettent aux Seddoukois d’autres manifestations du genre.

M. S./L. A.M.C. et L. B.

Partager