Assif N’Sahel pollué

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Ce cours d’eau réunit tous les contours d’un fleuve qui s’étend sur environ 130 km et qui prend naissance à partir de la partie est de la commune de Bouira, dont la fin du parcours sont les plages de Béjaïa.

Mer dans laquelle il se jette en longeant la partie basse de la vallée du Sahel et celle de la Soummam. Une vallée unie prise entre la chaîne du massif du Djurdjura au nord et celle du Chréa au sud, ce qui fait de son itinéraire un réceptacle géant des centaines de ravins et ruisseaux qui descendent des sommets de ces deux chaînes de montagnes drainant les eaux pluviales provenant de la fonte des neiges et qui récoltent aussi sur leur passage les débits des sources d’autres centaines de sources naturelles. Malheureusement, il ne reçoit pas seulement les eaux naturelles mais aussi l’ensemble des réseaux d’assainissement de deux daïras, rien que pour la partie Assif N’Sahel dont Assif Soummam n’est en fait que son prolongement en aval. Ce qui donne une idée approximative du niveau de ce cours d’eau, mais aussi de son taux de pollution. Les deux berges d’Assif N’Sahel sont bordées de vastes terrains agricoles le long de son parcours, terrains répartis en fermes qu’il traverse en plein milieu. Si l’on s’arrête seulement à la daïra de M’Chedallah, il est dénombré pas moins de 19 exploitations agricoles collectives (EAC), soit 15 dans la seule commune de M’Chedallah et 4 dans celle de Chorfa auxquelles il faudrait ajouter 63 exploitations agricoles individuelles EAI réparties entre ces deux communes. Cela en parallèle à d’autres centaines de terrains privés hautement fertiles, aménagés en vergers de maraîchers et arboriculture dont les plus éloignés se situent sur un rayon de moins de 800 m des deux côtés le long d’Assif N’Sahel. Cette situation fait que ce cours d’eau est à l’heure actuelle à l’origine d’une pollution à grande échelle qui ne peut être qualifiée que de catastrophe naturelle sachant qu’il ne reçoit pas seulement ces rejets des eaux usées évoquées mais aussi son lit est transformé en dépotoir qui reçoit plus de 70% des déchets ménagers de la région.

Qu’en est-il des stations d’épuration ?

Le tout ayant une répercussion inquiétante sur l’environnement et l’agriculture avec des nappes phréatiques qui reçoivent leur part de pollution, et qui dit nappes phréatiques dit des centaines de forages utilisés pour l’irrigation voire pour l’AEP. Depuis 1988 soit depuis le changement du régime et de la constitution qui a vu naître des associations sociales et environnementales qui ont commencé aussitôt à montrer du doigt le cas de ce cours d’eau et sa répercussion négative sur la santé publique, des associations appuyées par la presse qui ne cesse de son côté de tirer la sonnette d’alarme et dénoncer le peu d’empressement qu’affichent les pouvoirs publics pour s’ingérer et trouver une solution à cette inquiétante relatée. Le tapage fait depuis autour d’Assif N’Sahel a fait réagir plusieurs walis qui ont transité par la wilaya de Bouira depuis les années 2000 d’où le lancement d’une opération de prospection par le biais des services techniques aux fins de dégager des emplacements pour la réalisation de stations d’épuration et traitement des eaux usées. Deux sites ont été retenus depuis 2006, le premier au lieu dit Achadhoukh à proximité de Raffour dans la commune de M’Chedallah, le deuxième à Thoghza commune de Chorfa. Une source proche des services agricoles affirme que même les choix de terrains ont été approuvés, mais depuis, c’est le silence radio. Ce projet de réalisation de 2 stations d’épuration est tombé…dans les eaux usées d’Assif N’Sahel qui continue son œuvre de destruction écologique et ses retombées négatives sur la santé publique. Cela au moment où les campagnes de sensibilisation s’enchaînent à longueur d’années. Des campagnes qui se limitent à des conférences et distribution de dépliants et autres projections sans plus. Au point de n’intéresser plus personne, car non suivies de faits concrets.

Oulaid Soualah

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