(3ème partie et fin)
Le père du jeune adolescent en comptant ses bêtes s’aperçoit qu’il en manque quelques-unes. Il sermonne son berger, mais pour se défendre celui-ci lui dit que les brebis ne disparaissent pas dans les champs mais à la maison.Intrigué, l’homme commence à faire le guet. Afin de mettre toutes les chances de son côté, il revêt la toison d’un mouton noir et se faufile parmi les brebis. Quand tout le monde est supposé tomber dans les bras de Morphée, la jeune fille prend l’aspect de l’ogresse et se rend dans la bergerie. Avisant le mouton noir qui semble dodu, elle s’approche de lui et dit à haute voix sa pensée :“- Ay ik’erri iqoubane Illis ik’ d’averk’ane Thet chouredh tsasemth ilhan Ama saâd b-ouik itchan !” (Ô mouton dodu, à la toison noire, tu es bon à croquer, il faut me croire, tu es plein de graisse, tu serviras de repas à l’ogresse).S’apprêtant à le dévorer, l’homme se dévêtit et lui dit :“- Akem ikh d’aâ Rebbi D’vava-s b-argaz im nekini (Soit maudite, je suis le père de ton mari !)”Tentant de le tromper, elle lui dit :“- Thghelt’edh ay argaz lâli Oussigh-d ad’ ksagh thadhout’ seg k’erri Memmi-k’ ig foumezren d’effir imensi Id’amen ag’in ad’ h’avsen madhi ! (Tu te trompes homme de bonne famille, je ne suis là que pour prélever un peu de laine pour boucher les narines de ton fils qui saigne et dont le sang baigne !).”L’homme n’est pas dupe, mais feint de la croire, afin de pas être dévoré avec ses brebis. Craignant pour sa vie et celle des membres de sa famille, il passe une nuit blanche à l’affût du moindre bruit provenant de la chambre de sa belle-fille. Le matin aux aurores, il met sa femme à l’abri et avertit les habitants de la présence de l’ogresse chez lui.Pour parer à toute éventualité, tout le hameau (thadarthe) est évacué.”Il ne reste plus que son fils, qu’il n’a pas averti sans se faire remarquer par l’ogresse sa femme, avec laquelle il dormait. En se réveillant, celui-ci est étonné de ne pas trouver ses parents. Jetant un coup d’œil dehors, il ne voit pas âme qui vive, intrigué, il se met à penser. Dans un éclair de génie, il déduit que celle qu’il a épousée n’est autre que Teriel (l’ogresse) déguisée qui voulait le dévorer. S’il traîne les pieds, il va lui servir de repas à midi. Conscient du danger, il cale de l’extérieur la porte de la chambre où elle dormait et prend ses jambes à son cou pour rejoindre les habitants qui se sont réfugiés dans un autre hameau. Lorsque l’ogresse se réveille tout le monde a disparu, elle s’arrache les cheveux de dépit. Furieuse, elle détruit les masures et passe sa colère sur une vieille chienne dont elle ne fait qu’une bouchée. Le festin tant attendu n’est pas pour aujourd’hui, ni pour demain. Démasquée pour cette fois, elle change de contrée permettant ainsi aux habitants de revenir là où ils ont toujours vécu.“Our kefount eth’houdjay i nou our kefoun ird’en tsemz’ine. As n-elâid’ anetch ak’soum ts h’em’zine ama ng’a thiouanz’iz’ine. » (Mes contes ne se terminent, comme ne se terminent le blé et l’orge. Le jour de l’Aïd, nous mangerons de la viande avec des pâtes, jusqu’à avoir des pommettes rouges et saillantes).”
Benrejdal Lounes