A Ath-Mlikeche, une commune montagneuse où les moyens de loisir font cruellement défaut, des jeunes talents émergent du lot malgré toutes les insuffisances en matière d’activités sportives ou culturelles. En effet, c’est le cas d’un jeune poète, qui s’est distingué lors de la célébration du Printemps berbère en ayant pris part au concours de poésie organisé à cette occasion par l’association Imazighen d’Ath-Mlikeche. Ouyahia Tayeb, puisque c’est de ce poète qu’il s’agit, n’à que 17 ans et il est élève de 1re As au lycée Boudiaf. Il a déjà écrit une centaine de poèmes dont les premiers l’ont été alors qu’il n’avait que 14 ans et était collégien au CEM Benmessaoud Rabia de Tabouda. C’est ainsi que ce jeune talent du village Taghalat, un adolescent en quête d’identité multiforme, est en train de réussir dans son parcours de poète. Dans son premier poème, «Laathav N’ddunit» (les souffrances de la vie), il retrace les problèmes classiques de la jeunesse en quête d’une place dans la société des adultes qui ne sont pas toujours compréhensifs vis-à-vis de ces jeunes.
Ayatma nehlek nentar
Meltagh dacu id yegran
Aqel-iyi chvigh aattar
L’indifférence des «autres» à l’égard de ce jeune dynamique est encore plus douloureuse que la crise de jeunesse elle-même, vécue de l’intérieur comme une fatalité.
Aqel-iyi chvigh amesmar
Deg tezmart aachen urfan
Ssehra lkif d lekhumar
Cette indifférence fait naitre d’autres fléaux, fait avorter tout rêve quand elle se superpose aux interdits, notamment celui d’aimer librement. C’est le titre du poème intitulé :
«Laghyavim» (ton absence).
Yezzid ouagur ur dagh yufi
Tahzen thziri
Tachfa mi tt-nettwanas
L’allusion au croissant lunaire est claire face aux poids des tabous. Il n’ose nommer sa douleur que par des paroles, des allusions. La quête identitaire chez Tayeb Ouyahia s’élargit pour toucher d’autres domaines. Ainsi le poème composé en hommage à Lounès Matoub est tout aussi symbolique.
Deg mezrouy yura yismik
Ibedd wawal-ik
Deg nagh yessenta tuzzal
L’identification à l’un des symboles phares de l’Amazighité n’est pas fortuite. Matoub continue à susciter bien des vocations et à marquer d’une empreinte indélébile l’identité et la culture des ancêtres.
Technid afatmurtik
Deg wul tgidas azal
Ghas teqqsah tuder-ik
Son engagement sans faille et sincère pour le recouvrement de l’identité amazighe demeurera pour plusieurs générations un exemple à suivre. En attendant, le jeune poète ne compte pas rester en si bon chemin puisqu’il envisage d’éditer son premier ouvrage de poésie en attendant de se lancer dans la chanson, étant en possession d’un riche répertoire. Souhaitons bonne réussite à notre jeune poète.
Achiou Lahlou