Lettre ouverte

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Mouvement Populaire Algérien

A Monsieur le Président de la Commission de Supervision des Elections

Monsieur le Président,

La direction du Mouvement Populaire Algérien (MPA) a été destinataire d’un courrier de la commission de supervision des élections, que vous présidez. Ce courrier sommait Monsieur Amara Benyounes, secrétaire général du parti, d’arrêter immédiatement de faire de la propagande politique par le biais de la publicité commerciale, d’interrompre la diffusion des spots publicitaires et de renoncer à tout autre procédé publicitaire commercial, que ce soit sur la chaîne Nessma ou tout autre moyen d’information.

En guise de « propagande politique par le biais de la publicité commerciale », il s’agissait en fait de courts passages du secrétaire général du MPA appelant le peuple algérien à voter massivement le 10 mai et rappelant certaines des positions du parti. La chaîne maghrébine a réalisé à sa demande, ces courts enregistrements, pour les exploiter dans le cadre de la semaine algérienne sur Nessma, une initiative que nous saluons au demeurant, et que le peuple algérien a hautement appréciée.

Aucun accord commercial n’a été conclu à cet effet, pas plus que cela n’a donné lieu à quelque transaction que ce soit.

Monsieur le président,

Au-delà de la qualification exagérée et tendancieuse du supposé délit dont se serait rendu coupable le MPA, à travers ses passages sur Nessma-TV, nous relevons aussi la célérité inhabituelle avec laquelle votre commission s’est saisie de la plainte, ainsi que le caractère expéditif de sa décision.

La plainte n’a jamais été notifiée et le MPA n’a jamais été informé de ladite plainte et la décision de la commission a été rendue sans que la direction du parti n’ait été invitée à s’en expliquer et à se défendre.

De plus, l’opinion publique est en droit de savoir que cette plainte n’émane pas de la direction d’un parti politique quelconque, mais du candidat du FLN à Tunis. Ce candidat dénonce non pas un dépassement quelconque de notre propre candidat dans la même circonscription, mais la campagne nationale du MPA et de son secrétaire général. Pourquoi ne s’est-on donc pas posé le problème de recevabilité d’une telle plainte ?

A moins que, nous ne l’affirmons pas mais sommes en droit de nous interroger à ce sujet, le candidat du FLN n’ait servi que de couverture à d’autres commanditaires. Nul n’ignore que l’ambassadeur d’Algérie à Tunis est un haut cadre du FLN dont l’activisme partisan est proverbial.

Monsieur le président, depuis le début de la campagne, plusieurs partis politiques ont gravement violé les dispositions de la loi électorale. Nous pouvons en citer quelques unes, emblématiques de cet état de fait.

Quand un président de parti se dote d’une télévision à l’étranger, entièrement vouée à la promotion de sa formation et à sa campagne électorale, quand le même personnage utilise la religion à longueur de meetings et d’interventions radio ou télévisées et qu’en plus il loue, au quotidien, des espaces publicitaires dans la presse nationale, quelle a été et quelle est la réaction de votre commission ? Quand un autre parti politique utilise un passage de notre hymne national dans ses affiches électorales, quelle disposition votre commission a-t-elle prise?

On peut multiplier les exemples à profusion.

Les décisions, toutes les décisions de l’honorable commission que vous présidez, devraient être rendues publiques, au fur et à mesure, pour permettre aux Algériens de prendre la mesure de son sérieux et de son impartialité.

Il y va de la crédibilité du scrutin. Et vous, comme nous, savons les enjeux du scrutin du 10 mai et l’impact de ses résultats sur l’avenir immédiat et lointain de notre pays, compte tenu du contexte général à l’intérieur comme à l’extérieur.

Lorsque Monsieur le Président de la République a pris la décision de mettre la supervision de l’élection entre les mains de magistrats, c’est pour en garantir l’impartialité et garantir la crédibilité du scrutin, fondamentale pour la légitimité de la prochaine APN et pour la stabilité du pays.

Monsieur le président,

Le MPA est un parti républicain, démocrate, pacifique et respectueux des lois de son pays. Rien, ni dans notre comportement ni dans notre discours, n’est venu ni ne viendra contredire ce positionnement à la fois patriotique et responsable. Mais nous ne sommes pas dupes. L’offensive que nous subissons de la part de certains concurrents était prévisible et attendue.

La vérité est que le MPA a surpris. Il a surpris par sa fraîcheur, par le dynamisme de sa campagne et par la crédibilité de son programme, de son discours et de ses candidats, mais aussi et surtout, par l’accueil de plus en plus exceptionnel dont il bénéficie chez les citoyens. Tous en veillant au strict respect de la loi, rien ne pourra détourner le MPA de sa détermination à redoubler d’efforts jusqu’à l’ultime instant de la campagne électorale, et rien ne le détournera de son objectif de victoire, c’est-à-dire, la victoire d’une Algérie démocratique ouverte, stable, moderne, juste qui profite à tous ses enfants.

Après vous avoir fait part de notre étonnement et de nos interrogations légitimes, après avoir fait part de notre incompréhension, ne doutant aucunement de votre attachement à l’impartialité sans faille que requiert votre lourde mission, vous comprendrez, Monsieur le Président, que nous élevions une protestation énergique et que nous vous demandions, avec insistance, de réviser la décision que votre commission a prise à l’encontre du Mouvement Populaire Algérien.

Vous souhaitant courage et succès dans la lourde tâche qui est la vôtre,

Je vous prie, Monsieur le Président, d’agréer l’expression de mon profond respect.

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