La grande salle de spectacles de la Maison de la culture fut largement suffisante pour accueillir les militants et sympathisants du PT, venus assister au meeting de campagne de leur secrétaire générale. Sans aucune surprise, c’est un discours bien huilé qui a été développé à l’assistance avec toutefois quelques attaques à l’encontre de responsables politiques en lice dans la course aux législatives. L’oratrice dressera un tableau sombre sur la situation socioéconomique que travers le pays tout en accablant les deux partis « au pouvoir », en citant le FLN et le RND. « Le peuple n’est pas dupe, il saura faire la différence entre ceux qui défendent ses droits et les usurpateurs qui ont mené le pays à la faillite… », dira-t-elle. Après avoir ainsi descendu en flamme les uns et les autres, l’hôte de Bouira enchaînera en esquissant les grands traits du programme du parti des travailleurs : « Nous œuvrerons pour que Tamazight soit la deuxième langue officielle de l’Algérie… nous demanderons un secrétariat d’Etat pour cette langue et exigerons à ce que son enseignement soit obligatoire dans les 48 wilayas ». Pour la secrétaire générale du parti, il est temps de créer une deuxième République pour corriger le déni identitaire dont Tamazight souffre. Revenant au scrutin du 10 mai prochain, qualifié de crucial, M Hanoune affirme qu’« aucune assurance ne permet de dire que les élections seront propres à 100% », mais que la mobilisation doit être de rigueur pour qu’elles le soient. Abordant la politique nationale, il sera demandé de « fermer les portes à toute ingérence étrangère », et c’est dans cet esprit de logique que les observateurs de l’Union Européenne en prendront également pour leur grade. Aux yeux de la trotskiste, ces observateurs posent des questions inopportunes. « Les observateurs de l’Union Européenne sont venus à Bouira pour demander aux candidats s’ils faisaient leur meeting en arabe ou en Tamazight…..de quoi ils se mêlent ? », s’interrogera-t-elle. Et de raconter une anecdote sur le sujet dans un marché de la capitale où un observateur étranger demandait à un citoyen algérien si le fait de payer la pomme de terre à ce prix aurait des répercussions le jour du vote. Le citoyen algérien lui aurait, selon l’oratrice, répliqué qu’il pouvait payer la pomme de terre à un million et qu’il irait voter le jour du scrutin. Poursuivant son meeting, c’est l’Alliance présidentielle qui en prendra pour son compte avec des piques à peines voilées. « Les ministres croient qu’ils sont éternels… ils négocient pour l’adhésion de l’Algérie à l’OMC, mais nous refusons de cautionner cette politique….Temmar promet au FMI, au nom de l’Algérie… les islamistes aussi promettent aux étrangers de retirer la loi 49/51% contenue dans la loi de finances complémentaire de 2009 et qui oblige tout partenaire étranger, désireux d’investir en Algérie, à s’associer avec un patron algérien… seul le PT s’oppose à cette logique », ajoutera-t-elle. En comparant l’avenir de l’Algérie à celui de la Grèce, Louisa Hanoune promet que son parti œuvrera pour une politique économique qui permettra de préserver les postes d’emploi en privilégiant la production nationale dans tous les secteurs. Enfin, elle achèvera son intervention en présentant la liste du parti à Bouira et en demandant à l’assistance d’être vigilant, car « lors des dernières législative en 2007, notre parti à raflé 77 sièges à l’APN, mais le duo FLN-RND nous a volé 51 sièges, même celui de Bouira… », affirmera-t-elle. Un scénario qui, au final, n’aura pas laissé tellement de séquelles, puisque l’oratrice exhortera les présents à se rendre massivement aux urnes le 10 mai prochain.
Hafidh B
