Villes et villages en grève

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En pareille journée, le chef-lieu communal de Souk El Tenine grouille de monde. C’est lundi jour du marché hebdomadaire. Avant-hier, ce n’était pas le cas. De Tighilt Mahmoud, jusqu’à Souk El Tenine, en passant par Souk El Khemis jusqu’à Tizi Lilane, un climat apocalyptique s’est installé. Les commerces, les boutiques, les cafés maures sont fermés et tous les rideaux baissés. Les marchands ambulants ont eux aussi déserté les lieux. La poste, la polyclinique, le siège de mairie et tous les établissements du secteur de l’éducation sont fermés. Même les pharmacies et les pompes à essence sont restées cadenassées. Une atmosphère lourde et une ambiance des plus stressantes et des plus angoissantes règne sur la localité. Sur les visages des citoyens et des écoliers qui rebroussent chemin, se dessine visiblement un mélange de colère, de tristesse, de sentiment d’insécurité et de méfiance. A Souk El Tenine, un piéton nous dira : «Désormais, on ne se sent plus en sécurité dans cette région. Le danger est partout omniprésent. Il ne fait pas bon d’être riche ou d’être instruit. Allons-nous revenir aux années de braise de la sinistre décennie noire ? Nous demandons le droit de vivre dans la paix et la sécurité. Quant à ceux qui ont enlevé Omar, nous les appelons à le rendre aux siens. C’est un père de famille respectable. Il n’a commis aucun crime. Au contraire, grâce à son entreprise, plusieurs chefs de famille gagnent leur subsistance et celle de leur famille». A Souk El Khemis, le constat est identique car cette localité voisine faisant partie de la daïra de Maâtkas a elle aussi payé un lourd tribut dans ce domaine. Le siège de l’APC, celui de la daïra ainsi que les autres établissements, tous secteurs confondus, et les commerces ont répondu à l’appel de la coordination du grand village de Sidi Ali Moussa. Un autre citoyen de Souk El Khemis appellera : «Notre daïra est considérée comme la capitale du kidnapping et qualifiée de zone rouge. Pourquoi ne pas renforcer la présence des forces de sécurité ?». Dans les 60 villages de la daïra, le constat est presque identique. Les citoyens se sont inscrits dans une logique de solidarité. Ils n’attendent qu’un signe de la part de la cellule de crise pour répondre présents. Les Souk El Teninois et les Maâtkis en général, espèrent que cette première action sera la dernière et atteindra l’objectif escompté celui de voir Omar rentrer chez lui sain et sauf car sa famille, ses enfants et tous ses concitoyens l’attendent… Rappelons que toute la population est plus que jamais décidée à se mobiliser jusqu’à la libération de la victime. Un autre membre de la coordination qui s’est justement réuni dans la matinée de la journée de protestation (lundi) en présence des élus locaux des deux communes pour évaluer cette première action et discuter de la manière de maintenir la mobilisation des citoyens, indiquera : «La mobilisation et la solidarité des citoyens est exemplaire. Toute la daïra est paralysée. Une preuve que la population veut tourner cette sombre page de l’insécurité.

La coordination appelle à un rassemblement demain

Toutefois, l’idée d’organiser une autre journée de protestation en observant un sit-in devant le siège de la daïra ou une marche fait déjà son chemin». C’est dire que l’élan de solidarité et la mobilisation des citoyens durera dans le temps jusqu’au retour de l’otage sain et sauf. Après une réunion marathon tenue au siège du foyer de jeunes de Souk El Tenine durant la matinée d’hier mardi, la coordination des comités de villages de Sidi Ali Moussa appelle la population de toute la daïra de Maâtkas à observer une demi-journée de grève générale pour la journée de demain jeudi. Cette demi-journée de grève sera suivie d’un rassemblement à partir de 10 heures à la place publique du chef-lieu communal. Rappelons que ledit comité a déjà appelé à une grève générale durant la journée de lundi. La grève, faut-il le signaler, a été une grande réussite. Le porte-parole de la coordination indiquera : «La journée de protestation de lundi passé a été un franc succès, nous remercions à l’occasion toute la population de Maâtkas. Demain, nous appelons aussi à un grand rassemblement populaire au niveau de la place publique du chef-lieu à partir de 10 heures et à une grève d’une demi journée en guise de protestation contre le kidnapping de notre frère Omar». Signalons que si la séquestration de l’entrepreneur venait à perdurer, les villageois ne comptent pas rester les bras croisés. Une idée de marche silencieuse de Souk El Tenine jusqu’au siège de daïra de Maâtkas est déjà envisagée.

B. A.

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