Les mendiants en grand nombre

Partager

S’il y a un phénomène qui a pris de l’ampleur, c’est la mendicité : il ne se passe pas un jour sans que, de nouveaux visages qui guettent les passants, surgissent, et leur nombre augmente de jour en jour. Dans la ville de Sidi Aïch, ces misérables de l’ère moderne siègent sur le pont qui mène à Timezghra. En été comme en hiver, ils sont toujours là, et l’image la plus frappante, c’est cette femme allongée sur le sol, souffrante, demandant de l’aide pour s’offrir des médicaments. Si certains sont sensibles à ce cas-là, et sortent de leurs proches quelques pièces, d’autres par contre doutent fort de sa sincérité. Le pire est que ce phénomène s’est propagé dans nos villages, où des femmes et des enfants passent d’un village à un autre, et d’une porte à une autre, pour demander l’aumône. Hélas, la solidarité dans nos différentes bourgades, a pris un coup sérieux au fil des ans. Et pourtant, elles sont réputées pour leurs attachement à l’esprit collectif, surtout en ce mois sacré, mais c’est du passé, car les plats de couscous préparés et offerts à la mosquée pour nourrir les nécessiteux, et l’amiziaa” organisée avant chaque ramadhan, ont disparu avec la disparition de nos aïeux, qui ont emporté avec eux toutes les valeurs morales qui ont renforcés la cohésion sociale durant des siècles.Les temps ont changé, et les gens aussi, car si chaque village s’était occupé de ses nécessiteux, ce phénomène aurait pu disparaître, et tous ces mendiants que les conjonctures socio-économiques ont poussés au seuil de la pauvreté auraient pu préserver tout ce qui leur reste de soi-disant dignité, car l’aide de l’Etat et les associations des bienfaiteurs ne peuvent pas contenir cette situation sans la participation massive des citoyens qui doivent retourner aux sources et s’entraider, au lieu de s’enfermer dans leurs maisons et ne pas se soucier de leurs voisins. Par ailleurs, il ne faut pas limiter l’aide aux seules occasions que sont le ramadhan et l’Aïd.

K. Rici

Partager