Tout d’abord cette première conclusion : Les résultats des dernières législatives, quoi qu’ils soulèvent des interrogations, au vu du bond «réussi» par le FLN, un appareil donné pourtant en déliquescence et en pleine tourmente avec ses différents courants qui s’entredéchirent, révèlent deux états d’esprit ambiants chez l’électeur algérien.
En effet, il y a d’un côté cette majorité totalement désintéressée, dans laquelle est naturellement complètement noyée la frange de boycotteurs actifs, de la chose politique que les partis n’ont pu sensibiliser, sans doute par manque de tact, à défaut d’un discours plus frappant mais surtout par la faute des traditionnelles campagnes populistes que les prétendants ont souvent servies aux populations plus soucieuses de s’assurer, au mieux, un logement décent et au pire une survie. De l’autre, ceux qui ont voté «utile». Dans cette deuxième catégorie, l’on peut recenser plusieurs obédiences, chacune avec les motivations qui l’ont conduite à faire ressortir au final ce que sont les résultats du scrutin. A priori, les chiffres confirment l’exception algérienne, qui est loin de céder à la tentation du «vent venu de l’orient» et, encore moins, à une quelconque propension à embarquer dans cette vague destructrice des «Printemps arabes». L’engouement du courant islamiste a subi un véritable revers au profit du courant conservateur du FLN, porté lors de ce scrutin par des voix pas forcément acquises aux aspirations de Belkhadem et ses actuels collaborateurs aux commandes du parti. «Ce fut un vote refuge au profit du FLN», a lâché d’ailleurs Ould Kablia, oubliant un moment qu’il est ministre de l’Intérieur. La franchise de l’être avait certainement dépassé sur le moment, la retenue qu’impose en pareilles circonstances le statut officiel. En décodé une réalité du reste confirmée par la démission des militants du parti lors de ces joutes, ce ne sont pas les partisans, encore moins les sympathisants qui ont porté le FLN à cette «réussite», mais bien cette majorité d’électeurs studieux, contrainte à opter pour le moins mauvais ou pour le sigle, en ce qui concerne les sujets restés dans la gratitude vouée au front des précurseurs du 1er novembre. En face, il y a cette masse, aux aspirations démocratiques, qui aurait pu faire balancer les choses mais qui s’est laissé distraire par la quiétude du ‘’rien faire’’. Une masse qui théoriquement porte cette aspiration populaire qui réclame le changement mais qui ne s’efforce même pas à bouger le petit doigt. En politique, il est, là question d’un comportement qui se paye cash. Et comme la nature a horreur du vide, le plus actif s’empare de l’espace. Et le FLN de Belkhadem est sorti grand vainqueur devant les démocrates, encore et toujours prisonniers de leurs différents d’ego. Quoi qu’il en soit, au-delà de ce détail récurent qui aurait pu, à lui seul, insuffler une toute autre destinée à l’Algérie, la réalité du jour est que le parti qui a eu l’adhésion populaire pour tracer la politique du pays dans les années à venir est celui de Belkhadem, même décrié par la base et par certains cadres. Il reste aussi le parti dont le président de la République est également Président d’honneur. Et quant on se rappelle que bien des acteurs politiques, en manque de plans éclairés à mettre en exergue, se sont ostentatoirement fait parfois ridicules en battant campagne pour « le programme du président », devait-on franchement s’attendre à une autre issue ? Belkhadem pourrait-il, alors pour autant, être ce simple pion sans poids dans cette machine en branle qui a propulsé le FLN à cette place aussi confortable qu’il n’a jamais pu se permettre à la chambre basse depuis l’avènement du multipartisme ? Son avenir à la tête du parti et les alliances qui seront contractées pour avoir la majorité au parlement, permettront sans doute de voir plus clair dans l’Algérie future.
Djaffar Chilab.