Thighilt Oumetchim est un petit village surnommé village touristique car entouré de paysages enchanteurs qui attirent irrésistiblement les regards des milliers de voyagistes de la RN74 qui passe à quelque 500 mètres des habitations.
Situé au piémont de la montagne d’Achtoug et adossé au flanc ouest, les agriculteurs sont les seuls agents économiques, et les habitants ne vivent que des produits de la terre. D’ailleurs, vous ne trouvez pas un petit espace agricole qui n’est pas travaillé. Outre les figuiers qui donnent des fruits de bonne qualité de par leur grosseur et leur goût succulent, les céréales et les fourrages y sont aussi pratiqués à Thighilt Oumetchim. Éloigné d’une dizaine de kilomètres du chef-lieu de Seddouk et comme il est éloigné aussi des officiels, il semble être abandonné à son triste sort. D’ailleurs, malgré son aspect d’un petit village touristique de campagne, inutile de chercher dans le dictionnaire ou les manuels scolaires, il n’y figure pas, même s’il a une longue histoire, celle d’avoir donné un lourd tribut durant la guerre de libération nationale. Son nom n´évoque rien au commun des Algériens sauf pour les natifs du village Thighilt Oumetchim, un hameau occupé par une soixantaine de familles. Pour y accéder, en sortant de la RN74, il faut emprunter une route dans un état piteux, ravinée et truffée de crevasses. «La route est dans un état de dégradation avancé et l’abribus construit par les villageois avec des parpaings et charpenté avec des plaques d’éternit est sur le point de tomber. Nous avons à maintes fois signalé cela à l’APC qui ne veut toujours pas nous installer un abribus digne de ce nom et aménager la route», s’insurgea un habitant du village. Tourné naturellement vers le Djurjura et surplombant toute la haute vallée de la Soummam, le hameau ne dispose d´aucune commodité pour une vie décente. Les maisons qui le composent construites par les propriétaires eux-mêmes sur leurs terrains, se bousculent sans aucun aménagement, ni architecture.
L’inexistence d´éclairage public complique la vie des habitants qui ne peuvent pas sortir sans prendre le risque d´être attaqués par des animaux sauvages qui rôdent dès le coucher du soleil.
Le risque est aussi encouru par les enfants scolarisés qui, tôt le matin, se dirigent vers les écoles avoisinantes distantes de leur village d’environ six kilomètres. «Notre école primaire est fermée depuis belle lurette pour manque de carte scolaire, nous dit-on. Nos écoliers sont scolarisés dans l’école primaire et le CEM du village Seddouk Ouadda et par manque de transport scolaire, se rendent à pied à leurs établissements», a affirmé un parent d’élève.
Route dégradée, sans école, ni couverture sanitaire…
L´inexistence d´une structure de santé pour assurer les premières interventions oblige les habitants à recourir aux véhicules particuliers pour évacuer leurs malades vers la polyclinique de Seddouk. Les jeunes, qui n´ont aucun lieu pour occuper leur temps, s´exilent la journée vers Seddouk pour surfer sur le Net et ne rentrent que le soir pour dormir.
«Ce qui est incompréhensible, tous les villages situés à la périphérie de la ville de Seddouk sont pratiquement dotés de terrains de jeux de proximité alors que pour notre village, le plus éloigné de la commune, nos élus n’ont pas songé à le doter d’une telle infrastructure indispensable pour la pratique du sport des jeunes.
Pourquoi nos élus n’ont pas pensé à le doter d’une maison de jeunes pour la pratique d’activités culturelles tels que l’Internet, la musique, etc. Sur le plan couverture médicale de la population, un centre de santé fait défaut, ce qui oblige les malades à aller se faire soigner en ville», a expliqué un jeune de la localité.
Le village continue à utiliser la bouteille de gaz butane qui se raréfie en hiver et coûte chère quand elle est disponible, car le village situé à quelque 1 000 mètres d’altitude reste coupé du monde durant des jours, à cause des fortes chutes de neiges. «. En été le problème est supportable mais en hiver et vu l’altitude du village, le gaz butane est une vraie corvée. Nous ne savons pas si notre village est retenu parmi ceux de la commune de Seddouk qui seront alimentés en gaz de ville prochainement.
Nous craignons qu’il soit oublié», ajouta notre interlocuteur. Les aménagements urbains et de la route d’accès, la réalisation d’une salle de soins, d’une maison de jeunes, d’un stade…sont autant de structures à prévoir dans ce village qui est après tout, la vitrine de la commune de Seddouk auprès des milliers d’automobilistes qui passent tout juste à côté journellement. Le village pourrait être promis à un avenir certain et son développement passe par les autorités qui doivent le faire sortir de l’oubli en prêtant une oreille attentive à ses habitants qui semblent broyer du noir à présent tant que leurs louvoiements ne sont pas pris en considération. Dure, dure est la vie à Thighilt Oumetchim.
L. Beddar

