En souvenir du 19 mai 1956…

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Il y a 56 ans, jour pour jour, les étudiants et les lycéens algériens avaient mis le colonialisme français en demeure de reconnaître l’existence d’une nation algérienne qui se battait pour son indépendance.

«Avec un diplôme, nous ne ferons pas de meilleurs cadavres », tel était le slogan du débrayage pacifique, synonyme de démonstration que la lutte armée a été le dernier recours de tout un peuple face à l’obstination du pouvoir colonial à s’attacher à l’illusion de « l’Algérie française ». Ils étaient jeunes, très jeunes, mais ils avaient cette lucidité et cette clairvoyance que l’indépendance du pays passait inéluctablement par leurs sacrifices. En abandonnant les bancs de l’université pour rejoindre le mouvement national, les étudiants ont fait le choix du sacrifice. En cette journée dédiée aux étudiants l’opportunité est saisie pour faire une halte sur l’histoire, en ayant une pensée à la mémoire des étudiants et lycéens qui, en mai 1956, avaient saisi dans toute sa plénitude le sens du sacrifice consenti par les Algériens en lutte contre la France coloniale. La grève du 19 mai 1956 a été décidée par les étudiants eux-mêmes et après concertation, sans qu’ils n’aient reçu d’instruction ou de mot d’ordre de quelque partie que ce soit, a indiqué le Dr. Lamine Khène jeudi à Alger dans une conférence-débat animée à l’Ecole nationale polytechnique d’El Harrach. “Ce sont les étudiants eux même qui ont décidé à la majorité et après concertation, de la grève, lors d’une réunion que j’ai présidée au cercle des Oulémas qui se trouvait à proximité de la mosquée Ketchoua», a précisé M. Khène devant un parterre d’étudiants. Il a ajouté que Allaoua Benbaatouche, qui était membre du comité directeur de l’Union générale des étudiants musulmans algériens (UGEMA), devait présider cette réunion “mais, sans doute, submergé par l’émotion n’a pu prononcer un mot devant l’assistance”. L’intervenant a expliqué qu’il avait essayé vainement d’appeler Belaid Abdeslam (également membre de l’UGEMA) à Paris pour lui communiquer la décision de la section d’Alger de l’union, avant que quelqu’un ne vienne le voir pour lui dire que Benyoucef Benkhedda lui demandait de déclencher la grève sans plus attendre. “Je connaissais l’émissaire et puis Benkhedda était mon aîné il était responsable au sein du Front de libération nationale et je n’avais besoin ni d’écrits ni de notification», a-t-il poursuivi. Pour ce qui est de l’appel de la grève, M. Khène a indiqué que c’était une “lourde responsabilité” que de rédiger cet appel, un texte qui “recueillera quasiment tous les suffrages», a-t-il dit. “J’ai donné le texte à Salah Benkobbi, qui était un membre du bureau de section de l’UGEMA, qui l’a transmis pour sa part à Benkhedda», a-t-il signalé. Abderrahmane Khène, dit Lamine Khène, né en 1931 à Collo, a milité au sein du MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques). Il effectuait des études en médecine à l’université d’Alger lorsqu’il cofonda l’UGEMA en 1955. Partisan de la grève des étudiants en 1956, il a rejoint l’Armée de libération nationale ou il a été promu capitaine chargé de la santé.

Ferhat Zafane

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