Appel au président du Parti

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Ifri, Aouzellaguen le vendredi 27/05/2012

Camarade Hocine Aït Ahmed, Président

Nous nous adressons par la présente à votre honorable personne, en votre qualité de président du Parti, pour vous alerter sur une situation des plus préoccupantes pour notre pays ainsi que pour notre parti.

Otage d’une violence multiforme, notre pays s’enfonce quotidiennement dans le désarroi, l’incertitude et le désespoir ; le pays est géré en dehors de toute norme politique, économique, sociale, institutionnelle et juridique. C’est la poursuite de la politique de la corruption et de la normalisation de la société. Le risque de dislocation est bien réel. Depuis sa fondation, notre parti n’a cessé de militer pour une véritable alternative démocratique fondée sur le respect de la souveraineté populaire, le suffrage universel et la défense des droits de la personne humaine. Le FFS a toujours milité pacifiquement contre tous les extrémismes (ni république intégriste, ni Etat policier). La création du FFS en 1963 se voulait une réponse à la dérive autoritaire, aux pratiques de la violence, de la corruption et de la délation.

La décision de la participation du FFS aux législatives de 2012 devait réponde à une double éthique :

Une éthique politique de conviction par la remobilisation des militants, des sympathisants et des citoyens.

Une éthique de responsabilité qui atteste de la volonté et de la disponibilité de notre parti à participer pour rendre irréversible le processus de changement démocratique du pays. L’objectif du parti étant de remettre du mouvement dans le statu quo par la relance de l’activité du parti et la réhabilitation du débat public.

Il s’en est suivi, malheureusement, des pratiques purgatoires contre les militants, la promotion des rapports d’allégeance, le clientélisme, l’affairisme et la corruption morale.

Les militants et les citoyens ont vite déchanté !

La perversion des débats au niveau du parti, les pratiques d’exclusion et le conditionnement violent des militants ont provoqué une incompréhension et un désarroi, un ressentiment nettement visible chez les militants et les populations.

L’espoir et l’enthousiasme suscités par la mise en place d’une nouvelle feuille de route politique – organique et l’organisation d’un débat sur les questions politiques, notamment l’échéance législative du 10.05.2012, se sont vite évaporés et laissé place à des lendemains incertains.

Malheureusement, c’est dans ce contexte complexe et plein d’incertitudes que «l’appareil» du FFS décide de tourner le dos à ses idéaux, à sa base militante et à la population.

En effet, la mainmise faite sur le parti par une équipe et à l’opposé de sa ligne stratégique, vise à l’inscrire dans un processus de normalisation pour mieux atteindre leurs objectifs inavoués.

Hélas, ce qui n’était qu’une appréhension s’est très vite conformé au vu du monde et des «critères» retenus dans le choix des candidatures. Vidé de ses énergies combatives et amputé de sa substance militante, le FFS se retrouve coupé de la population et détourné de sa mission historique, qui est la construction de l’alternative démocratique.

Toutes vos recommandations ont été foulées au pied. L’opportunité de «remettre du mouvement dans le statu quo» tel que vous l’avez suggéré s’est rapidement évaporée. La démobilisation est sans précédent.

La démarche glissante (tendance à la droitisation) très apparente dans le discours actuel du parti a désorienté les militants et la population.

En n’étant que cadres et militants sincères du FFS, nous vous lançons un appel pressant afin de prendre les mesures urgentes, utiles et nécessaires à même de rétablir et de consolider la confiance entre le parti et la population. La restitution de cet instrument de lutte à ses militants est un impératif incontournable.

Nous réitérons notre attachement au FFS et nous demeurerons fidèles aux idéaux du parti et à accompagner les populations dans leurs luttes quotidiennes.

Notre sympathie va aussi à l’endroit des citoyennes et citoyens qui, même en exprimant leur incompréhension, demeurent dans leur majorité convaincus que le FFS reste le seul parti de l’opposition à pouvoir offrir des perspectives sérieuses pour le pays.

Conscients des enjeux et convaincus de la justesse de notre requête, nous vous sollicitons camarade Président, pour agir afin de rétablir l’éthique, la pratique démocratique et les valeurs authentiques du parti.

Nous vous rassurons, camarade Président, que notre action est guidé par les devoirs politiques de notre parti : Devoir de vérité de pédagogie, de lucidité de mémoire et celui de rendre des comptes.

Vive l’Algérie démocratique

Vive le FFS

Destinataires :

– Le président (Chef de cabinet pour transmission)

Copie pour information :

– 1er secrétaire National

– Membre du comité d’éthique

– Mohand Amokrane Cherifi

– Aouzelag El Hachemi

– Halet Rachid

– Mme Bouamama Fairouz

– Ali Laskri

NB : Suite au refus de votre chef de cabinet d’endosser ce courrier pour vous le transmettre nous avons recours à l’Email

Avec nos excuses, camarade Président

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