Le Chahid Chellah Mohand El-Mouloud remémoré

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A l’occasion du cinquantième anniversaire de l’indépendance de notre pays, la commune de Beni Maouche, une localité de 1 014 Chahid, a rendu un vibrant hommage à l’un de ses fils tombés au champ d’honneur au djebel Harouche dans la wilaya de Skikda en mars 1958. Il s’agit du caporal Chellah Mohand El-Mouloud dit Mohand Tayeb né en 1920 à Trouna au douar Ath Oumaouche. La famille Chellah en collaboration avec l’organisation locale des Moudjahidine et celle des enfants de Chouhada, pour faire connaître le combat de ce Chahid aux générations actuelle et future, ont organisé une cérémonie grandiose, conviviale et festive qui a eu lieu à l’école primaire de Trouna, dans la commune de Beni Maouche. Après une exposition de photos et revues retraçant la vie du Chahid et celle des 1 014 martyrs que compte la commune de Beni Maouche, les invités ont été conviés à une collation, suivie d’une conférence animée par les membres de la famille du Chahid et de ses compagnons d’armes avec qui il a partagé des joies et des peines. Ils étaient unanimes à témoigner que le Chahid Chellah Mohand El-Mouloud était un combattant de la première heure, incrusté de la fibre nationaliste dès son jeune âge et qui ne recule devant aucun sacrifice quand il s’agit de défendre la patrie. Certains ont même évoqué les nombreux accrochages qui ont eu lieu entre son groupe et l’ennemi et auxquels il a participé. Mais le témoignage le plus marquant et le plus émouvant a été fait par son fils Boubekeur, cadet de quatre autres enfants du Chahid. «Je n’ai pas eu la chance de connaitre mon père qui m’a laissé à l’âge de six mois. La seule photo que ma famille garde de lui est celle de sa carte nationale d’identité que nous avions récupérée de Bougaâ. L’armée française à qui il a donné du fil à retordre ne pouvant mettre la main sur lui, a pris sa revanche en détruisant notre maison. Durant les sept ans de guerre, notre famille devenue SDF, cherchait refuge chez des tiers. Cet hommage me soulage à plus d’un titre, car il m’a permis de connaitre à postériori mon père à travers son combat juste et noble pour l’indépendance de mon pays et ses compagnons de combat qui ont témoigné loyalement sur lui», a-t-il dit les larmes aux yeux. Farès Mohamed, un ancien Moudjahid, a lui aussi fait un témoignage sur la mort du Chahid. «Chellah Mohand El-Mouloud avait le grade de Caporal et était mon chef hiérarchique. Pour son activisme, il fut capturé par l’armée française en 1955. Il fut incarcéré à la prison de Beni Maouche où il a subi moult tortures avant d’être transféré à Ksar Etir où il a purgé 7 mois. Relâché il a repris immédiatement le chemin des maquis. En 1958, nous étions en mission commandée en Tunisie dans le but de ramener des armes de guerre pour approvisionner les maquis. C’est sur le chemin du retour que l’ennemi nous a tendu une embuscade au lieudit : djebel Harouche, daïra de Tamaloust dans la wilaya de Skikda, un accrochage qui a duré trois jours, soit les 08, 09 et 10 mars. 47 moudjahidine ont péri dont le Chahid Chellah et 16 autres ont été blessés. Je garde de lui l’image d’un homme courageux, respectable et respectueux. Que Dieu ait son âme, repose en paix mon frère. Gloire à nos martyrs», a-t-il rappelé. Le Chahid Chellah Mohand El-Mouloud était un vrai nationaliste qui a fait incontestablement parti de ces hommes qui ont commencé à activer dans le mouvement national à un âge précoce. Il était aussi parmi les premiers maquisards qui ont pris les armes lors de la grande révolution de 1954/62 qui a conduit le peuple Algérien à se libérer du joug colonial. Il est opportun donc de dire aujourd’hui qu’on ne peut parler des événements de la guerre d’Algérie à Beni Maouche sans évoquer la mémoire de ce Chahid authentique qui a voué sa vie à la patrie.

L. Beddar

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