L’album que les nombreux fans de Cheikh Fadli H’ssinou, ou H’ssinou n’Oued Ghir pour les intimes, attendaient depuis longtemps est enfin mis en vente.
Si la gestation de ce CD a duré de nombreuses années, c’est que chacune des 12 chansons qui le composent a fait l’objet de soins méticuleux, de polissages appliqués et fignolages infinis pour permettre aux jeunes d’écouter et de savourer à satiété la musique et la voix envoûtante de leur cheikh préféré. Jusque-là les admirateurs du cheikh, pour l’applaudir, doivent attendre qu’il anime une fête de mariage ou de circoncision ou encore qu’il participe à un gala organisé par le comité des fêtes de la ville, la maison de la culture ou le TRB. Timide, réservé évitant les mondanités, et en tant qu’artiste, il fuit le côté matériel des choses. Il faut dire que cheikh Fadli H’Ssinou ne sait se mettre en valeur que sur scène. C’est seulement là qu’il se sent totalement dans son élément. Ses maîtres spirituels, auxquels d’ailleurs il ne cesse de rendre hommage, sont El-Hachemi Guerouabi, Hadj M’Rizk Aarab Bouyezgarene et Youcef Abdjaoui. D’ailleurs dans chacune de ses chansons, l’auditeur attentif décèlera toujours en filigrane un soupçon de leur voix et de leur style. La cinquantaine bien sonnée, l’artiste, qui est né et qui vit à Béjaïa, a commencé à flirter avec la chanson à l’âge de 18 ans. En 1985, il obtient le 1er prix de l’émission «Les chanteurs de demain» de la chaîne II animée par le célèbre Medjahed Hamid avec l’orchestre national placé sous la direction de Maati Bachir. Au TNA d’Alger, il décroche en 2008 le 2e prix au festival national de la chanson Chaâbi, organisé par le ministère de la Culture en collaboration avec le Pr Abdelkader Bendaâmache. Il est aussi le seul à Béjaïa à avoir travaillé avec l’orchestre symphonique national dirigé par Bouazara. Les nombreuses sollicitations auxquelles il a toujours répondu présent lui ont permis de sillonner toutes les wilayas à l’occasion d’échanges culturels ou lors des journées régionales de la chanson Chaâbi. Pour revenir à l’album proprement dit, la jaquette illustrée par la photo du chanteur indique qu’il se compose de 12 chansons dont 11 sont interprétées en kabyle, et qu’il a édité par les éditions Izem. Il n’a pas de titre mais la chanson phare est intitulée A tedjra nelouze (le noyer). Bien qu’interprétée sur une musique qui invite à la danse, cette chanson exprime surtout la douleur d’un amour brisé et perdu à jamais. Les autres chansons, aux textes bien ciselés, traitent des thèmes très variés allant des problèmes de la vie éphémère d’ici-bas aux histoires puisées dans terroir en passant par les tourments de l’amitié et les charmes de la ville de Béjaïa.
B. Mouhoub