Ryad Girod, un Algérien d’une quarantaine d’années, professeur de mathématiques de son état, s’est engagé il y a quelques années sur les sentiers escarpés de la littérature, pour donner corps à une œuvre de toute beauté. Tout l’intérêt de ce roman de 136 pages intitulé Ravissements, réside dans la touche innovante que l’auteur a introduit dans son récit. Une nouvelle manière d’appréhender l’écriture romanesque, qui a fait la part belle à la modernité tout en empruntant au classique la rigueur du style et la beauté de la narration. La quintessence du récit est l’histoire d’une aphasie dont est victime un jeune père de famille, employé dans une institution dont la mission est en rapport avec …la linguistique. Comment être aphone quand on est en charge de libérer et de promouvoir la parole ? Le lecteur est embarqué dans un univers où tout est étrange, paradoxal, à la limite de l’absurde. Des situations qui catalysent, néanmoins, le travail d’introspection, la réflexion sur les rapports de la société. Des rapports soutenus par la problématique des mots, du langage, de l’expression. L’auteur extrapole implicitement, en faisant allusion à la situation des langues usitées dans notre pays. Avec des histoires plus vraies que nature et aussi fluides qu’un filet d’eau laminaire, ce roman, publié initialement par les éditions José Corti (France) en 2008, est réédité en 2012 par les éditions algériennes Barzakh.
N. Maouche
