Rodha est une agglomération de la commune d’Ath Mansour de 60 foyers, elle partage ses limites territoriales avec Tizi Ikechouchen, un grand village dépendant de la commune d’Ath Sidi Brahim dans la wilaya de Bordj Bou Arreridj. Elle est située en retrait par rapport à la RN5 dont elle est distante de quelques 400m.
Discrète, elle évolue presque dans l’anonymat Région à vocation agropastorale, l’on remarque de prime abord que l’olivier reste, et de loin, le créneau dominant, à cause d’un sol semi-aride, peu productif en céréalicultures. Vu l’inexistance de sources ou de nappes phréatiques, de nombreuses exploitations à base de forages s’avèrent négatives, nous apprendra Mr Ben Mira Abdennour, président de l’association du village venu à notre rencontre. Il nous déclarera : « Rodha est la plus pauvre région en matière de ressources hydriques au niveau de la wilaya, d’où le calvaire du manque d’AEP et l’obligation d’un rationnement drastique de cette denrée rare dans cette bourgade qui dépend de la rotation d’un camion citerne de l’APC qui livre une moyenne de 1500L toutes les deux semaines ». Notre interlocuteur explique cette faible quantité par le fait que l’unique camion citerne dont dispose la commune d’Ath Mansour approvisionne en parallèle la cité Azrou Kellal ainsi que 02 organismes névralgiques de l’Etat et l’école primaire. Le président de l’APC, Mr Amrani Youcef, tout en reconnaissant les énormes difficultés qu’il y a pour fournir suffisamment d’eau à ces 02 agglomérations non raccordées aux réseaux d’AEP, mise sur le projet de raccordement de sa commune à partir du barrage Tilesdit de Bechloul. Un projet sur le point d’être lancé mais force est de constater que ce ne sera pas du jour au lendemain qu’on pourra acheminer de l’eau sur les 40 Kms qui séparent cette commune du barrage. Il faudra aussi prendre en compte d’éventuelles oppositions qui risquent de surgir devant ce réseau de canalisation qui traverse, le long de son itinéraire, des terrains privés. Malheureusement, Rodha et Azrou Oukellal subiront, pour un temps encore, le calvaire d’étés sans eau. Renforcer l’APC d’Ath Mansour par l’affectation d’une flotte de camions citernes, qui est largement du domaine du possible pour l’Etat ne serait-ce que durant la saison chaude, serait le meilleur moyen de lui venir en aide dans l’immédiat, une façon de parer au plus pressé. Même si l’AEP reste la contrainte majeure de cette localité cette dernière accuse, cependant, d’autres manques en infrastructures de développement tel que l’assainissement. L’étude d’un réseau d’assainissement a été ficelée depuis 06 mois, selon le président de l’association, mais les travaux n’ont pas encore été lancés. Le même retard touche le gaz de ville et plusieurs logements acquis dans le cadre de l’aide à l’habitat rural ne sont toujours pas raccordés en électricité. Le représentant du village nous informera que ce dernier a été déserté durant une année, en 1995, pour des raisons sécuritaires et que c’est grâce aux efforts de l’état que les habitants ont pu regagné leurs maisons en 1996, après que la région fut suffisamment sécurisée. Faits positifs notables : ce village a bénéficié d’une route en bitume bétonné d’éclairage public, d’une école primaire bien entretenue qui accueille 75 élèves, mais qui accuse, néanmoins, un manque en mobilier scolaire, puisque celui dont elle dispose est usé et non renouvelé depuis son ouverture en 1972. Un autre manque est constaté au niveau de la cantine scolaire, tel qu’en chaises et en tables. Cette école qui bénéficie, certes, d’un ramassage scolaire, mais il est perturbé nous apprend-on, par les fréquentes grèves.
L’imam de la mosquée ne vient que les vendredi
Le président de l’association religieuse de cette mosquée flambant neuve, M Bendhifallah Saci, nous informera que l’imam affecté à ce lieu de culte, résidant à Bordj Bou Arréridj, ne vient qu’une journée par semaine pour diriger la prière du vendredi, bien qu’un logement d’accompagnement neuf, mitoyen de la mosquée et bien équipé soit mis à sa disposition. Il nous apprendra que pas moins de 03 requêtes ont été adressées à la direction des affaires religieuses de Bouira, mais qu’elles sont restées, à ce jour, sans suite. Notre interlocuteur soulignera que les fidèles commencent à déserter cette mosquée qui est un véritable bijou d’architecture, opérationnel depuis 2006, et dont la fonction ne s’arrête pas à la prière mais s’étend aussi au rituel des fiançailles et à celui des funérailles. L’imam est, bien souvent, sollicité au même titre que les notables et les sages, pour trancher dans les divers conflits qui surgissent entre villageois, mais la nouvelle génération des imams s’éloigne de plus en plus de cette noble mission et en laisse le soin à la justice, dont les services croulent sous les piles de dossiers.
Oulaid Soualah