FFS vainqueur, RCD lièvre

Partager

A quelques encablures du coup d ‘envoi de la campagne électorale, la région bouillonne politiquement. On s’attend, à Tizi Ouzou, au lendemain de l’Aïd El Fitr, à ce que cette pré-campagne passe à la vitesse de croisière. Il est vrai que dans les lieux publics, on ne parle pas que de cette élection tant le mois de ramadhan a changé le rythme de vie mais, s’agissant d’une élection de proximité, l’intérêt ne peut que croître à travers les jours.Le parti politique qui a le plus de chances et que d’aucun donnent pour détenteur d’avance de la majorité absolue dans les communes et l’APW est, bien sûr, le FFS. Ce parti est connu pour être discret et, en dépit des remous internes qu’il subit régulièrement, il surprend toujours par les scores satisfaisants qu’il obtient dans la région de Kabylie à chaque fois que le boycott n’est pas à son ordre du jour. En 1997, le FFs avait obtenu plus de 85% des sièges dans les communes et à l’APW de Tizi Ouzou. Lors des locales de 2002, et malgré les violences qui ont émaillé le scrutin, le FFS en est sorti vainqueur. Il ne peut que l’être le 24 novembre 2005 à partir du moment qu’aucun des partis en lice ne peut avoir la prétention de rivaliser avec le plus vieux parti d’opposition dans son fief. Le FFS a en effet cette faculté de resserrer ses rangs aux rendez-vous décisifs comme c’est le cas des élections. Tous les “FF Sistes” entrèrent avec la hache de guerre dès lors que des enjeux électoraux sont en jeu. On l’a vu de par le passé. Le FFS est connu pour ne pas être un parti “médiatique”. C’est une formation politique qui ne médiatise pas trop ses activités et il est même établi que le parti de Hocine Aït Ahmed est souvent une proie privilégiée des médias qui ne ratent aucune occasion pour faire de la démission d’un militant de base un événement national. Mais on peut tout reprocher à ce parti sauf d’être une coquille vide. Il a été même constaté que le FFS est souvent convoité par “des étrangers” à la veille de chaque élection, au vu des chances énormes qu’il a pour la remporter particulièrement dans les wilayas de Tizi Ouzou et de Bgayet. Dans ces deux wilayas, le FFS évolue en terrain conquis. Même à l’époque où le RCD (Rassemblement pour la culture et la démocratique) était un parti plus ou moins représentatif en Kabylie, ce dernier ne réussissait pas, vraiment, à faire de l’ombre au FFS. La seule fois où le RCD est réellement parvenu a rivaliser à même hauteur, avec le parti d’Aït Ahmed, c’est lors des élections législatives de 1997, où les deux partis avaient terminé avec 7 sièges à l’APN pour chacun. Dans le reste du temps, le RCD ne fut qu’un lièvre pour le FFS. On se rappellera que tous les élections parlementaires de 1991, Saïd Sadi, pourtant président du RCD avait été battu par Saïd Khellil (candidat du FFS) avec un score écrasant. Saïd Sadi avait été tellement déçu qu’il avait affirmé qu’il s’était trompé de société. En réalité Saïd Sadi avait été aveuglé par les largesses dont il bénéficiait, à l’époque, dans une certaines presse, qui le donnait pour messie. Les sympathie dont bénéficie de FFS en Kabylie sont chères au fait quece parti n’alimente pas le discours de la haine et prône la sagesse et ce, quelques soient les divergences avec les autres acteurs de la scène politique. Aït Ahmed, au vu du respect qui lui est voué en Kabylie, et aussi un autre élément dans le maintien de la force de frappe du FFS.Ce qui confirme cette thèse est l’appel (sans écho) lancé par Saïd Sadi, il y a quelques semaines, pour confectionner des listes communes avec le FFS en vu de faire panage au… FLN et au RND. Saïd Sadi aurait-il lancé un tel appel s’il avait des chances, non pas de sortir avec une majorité, mais au moins obtenir un score respectable ? Jamais ! Si c’était le cas, il aurait fait cavalier seul. Le FFS a compris la manigance et a rejeté l’offre sans même faire de bruit. En plus, en Kabylie, ni le FLN ni le RND ne peuvent prétendre à une majorité absolue. Ces partis ont de grandes chances dans des communes où le FFS est absent, comme Iflissen, Agouni Gueghrane, Idjeur et Zekri. Le FLN et le RND possèdent également des atouts pour l’obtention de la majorité dans les grandes communes cosmopolites, à l’instar de Draâ Ben Khedda, Draâ El Mizan mais aussi à Sidi Naâmane. A l’APW, ces deux partis peuvent prétendre à un résultat respectable. Mais c’est le FFS qui est le mieux parti pour l’obtention de la majorité, donc de la présidence au sein de l’assemblée wilayale. Ceci, même si le FLN et le RND ont usé de beaucoup de minutie pour la confection de leurs listes tant au niveau de l’APW que des APC. Quels que soient les résultats de ces élections, le FLN et le RND ne peuvent qu’en sortir satisfaits, dès lors qu’il s’agit pour eux de reconquérir un terrain et le fait que le FLN soit le seul Parti à avoir réussi à se présenter dans toutes les communes de Tizi Ouzou peut, d’ores et déjà, constituer un élément de satisfaction, car le FLN, au lendemain des événements d’octobre 1988, avait été donné pour une formation politique morte en Kabylie. Mais en politique, rien n’est jamais définitif. Il est difficile toutefois de prévoir avec exactitude le sort qui sera réservé au RND, un parti présenté ici comme démocratique pour certains, mais qui, pour d’autres, n’est qu’un frère du FLN. Souvent, les deux frères de s’entendent pas. Il reste à savoir si des Partis nouveaux, comme l’UDR (Union pour la démocratie), vont donner des consignes, et si oui, en faveur de quel Parti ?

Aomar Mohellebi

Partager