Le conseil national du Front des Forces Socialistes (FFS) s’est réuni, hier à Alger à huis clos, en session ordinaire qui se poursuivra aujourd’hui, pour débattre notamment de la restructuration du parti.
Dans son intervention remise à la presse, à laquelle il a été interdit d’assister à la séance d’ouverture comme à l’accoutumée, le premier secrétaire du FFS, Ali Laskri, n’a pas hésité à tirer, à boulets rouges, sur certains cadres et militants du parti qui sont montés au créneau depuis l’annonce des résultats des législatives, notamment les anciens premiers secrétaires, Karim Tabou, Mustapha Bouhadef, Ali Kerboua et Djoudi Mammeri. Si pour le premier cité suspendu des instances du parti, le cas devra être tranché à l’occasion des travaux de ce conseil national auquel d’ailleurs il n’avait pas le droit d’assister, les trois autres ont eu droit, hier, à un véritable réquisitoire de la part de leur successeur à la tête du FFS. En effet, c’est un véritable défit que leur a adressé Ali Laskri qui n’a pas hésité à leur ôter la qualification de militants, en les désignant tout simplement par les ex du FFS : « Quant à ces « EX » en rupture avec le parti depuis près d’une décennie, je les défie de quitter leur retraite dorée et de se présenter à leurs Fédérations. Ils auront ainsi l’occasion d’affronter les militants qui les ont portés et qu’ils ont honteusement abandonnés par la suite ». Une tirade qui en dit long sur le refus de l’actuelle direction du FFS de répondre aux sollicitations de ces trois ex-cadres qui avaient, pour rappel, rendu public, mercredi dernier, un communiqué dans lequel ils estimaient qu’il y avait « un réel risque d’implosion au FFS » et parlaient de « tentatives de domestication du parti ». Bien au contraire, la direction du FFS promet des sanctions à l’encontre de toutes les voix dissonantes, à l’instar de Karim Tabou et Samir Bouakouir, accusés d’avoir fait campagne contre le parti à l’occasion même de ce Conseil national. « Je sais que vous avez pu mesurer, en toute objectivité et sur le terrain, que les militants ne sont pas dupes de ces campagnes féroces. Vous avez constaté combien ils sont déterminés à mettre en échec cette opération contre le FFS et entendu leur exigence de prises de mesures fortes contre celles et ceux qui, dans le parti, ont participé à ce travail de sape. Inévitablement, c’est un point que nous aurons à traiter aujourd’hui, dans la sérénité le discernement et le respect de nos statuts et de nos instances », promet Ali Laskri devant les membres du conseil national. L’autre cible du premier secrétaire du FFS n’est autre que la presse qui serait, selon lui, de connivence avec les protestataires au sein du parti, depuis l’annonce de la participation aux législatives. « Nous sommes allés aux élections et notre parti se remobilise, se rassemble, en dépit de toutes les attaques qu’il essuie depuis que nous avons décidé de mettre du mouvement dans le statu quo et malgré tous les obstacles et toutes les campagnes, à l’intérieur ou à l’extérieur du parti, menées par quelques organes de presse, quelques chaines satellitaires, et malheureusement d’anciens responsables du parti », lit-on dans la déclaration laminaire du premier secrétaire du FFS, qui est allé jusqu’à comparer les écrits de certains journalistes de la presse indépendante, dont l’objectif selon lui n’est autre que d’attaquer l’actuelle direction avec à sa tête le chef historique Hocine Ait Ahmed, à des actes de terrorisme. « Tout s’explique avec le temps et le déroulement des évènements. Je vous demande de prendre la mesure et la vraie dimension de cette campagne contre le FFS. Par sa durée, son ampleur et la palette des intervenants, impliqués ou recrutés, le véritable objectif n’est pas de remettre en cause une décision politique du parti, je vous rappelle qu’elle a été prise à la quasi unanimité des membres du Conseil national en accord et en concertation avec le président du parti, mais d’atteindre deux buts apparemment contradictoires : réaliser une OPA sur le parti ou en cas d’échec travailler à sa destruction. Oui, la direction du parti est prioritairement ciblée, le président lui-même n’est pas épargné », lance-t-il à l’adresse des 96 membres du Conseil national avant d’enfoncer davantage le clou en s’en prenant à certains journalistes qu’il qualifie de janissaires de la plume : « A la veille du cinquantenaire de l’Indépendance nationale, des janissaires de la plume dictent, à coup d’éditoriaux où le mensonge factuel le dispute à l’impudeur et à l’impudence des commentaires, la nouvelle feuille de route à des ‘’militants’’ félons pour salir le dernier des historiques, celui qui demeure un recours pour notre pays.
Après les assassinats par balles, d’aucuns tentent aujourd’hui l’assassinat par la plume. Cette presse-là a l’audace de se prétendre nationaliste, démocrate et, tenez vous bien, indépendante ! ». Abordant les futures élections locales et le prochain congrès du FFS, Ali Laskri, tout en reconnaissant la difficulté de la mission qui attend son parti, a tenu, toutefois, à lancer un appel en direction des militants afin de faire de ces deux échéances un événement politique majeur : « Les élections locales arrivent. Cela ne sera pas facile, je tiens à le dire, mais tous ensemble, nous saurons trouver les moyens de surmonter des obstacles, potentiellement sérieux, qui se présenteront inévitablement à nous. Dans le même temps et le même mouvement, nous continuerons à travailler au développement de notre organisation, pour faire du prochain Congrès du parti un évènement politique national. La feuille de route est toute tracée : traduire dans la réalité les résolutions du 4e Congrès, particulièrement l’ouverture du parti, et aller sur le terrain pour donner une impulsion décisive aux chantiers proposés par le Président, il y a de cela plus d’une année maintenant », lance-t-il encore à l’adresse des membres du Conseil national, dont les travaux devront s’achever aujourd’hui.
A. C.