La Kabylie refuse d’oublier

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S’il y a des dates que les kabyles ne sont pas prêts d’oublier, c’est incontestablement celle du 25 juin 1998. Une journée sombre dans l’histoire de l’Algérie contemporaine.

Matoub Lounès, le poète et le chantre de la cause berbère, le militant des droits de l’Homme et le partisan de toutes les causes justes, venait de tomber sous les balles assassines d’un groupe d’hommes armés du côté de Tala Bounane, à quelques encablures seulement de son village de Taourirt Moussa dans la commune de Béni Douala. La triste nouvelle s’était répandue telle une traînée de poudre à travers la Kabylie et tout le territoire national. Quelques minutes après le lâche assassinat, les média du monde entier annonçaient la terrible nouvelle de l’assassinat de Lounès, l’enfant prodige de Taourirt Moussa et de la Kabylie toute entière. La consternation, la tristesse et la mélancolie n’ont pas tardé à se transformer en soulèvement, à travers toutes les wilayas du centre du pays, où les manifestants réclamaient toute la vérité sur cet ignoble crime. Dans la foulée, deux présumés accusés furent arrêtés et emprisonnés pendant 12 ans, Medjnoun et Chenoui. Ces derniers ont purgé dernièrement leur peine, mais l’affaire n’est toujours pas élucidée aux yeux de la famille du rebelle. La famille de Matoub et la fondation qui porte son nom exigent toujours un véritable procès. Hier, Taourirt Moussa, le village de Lounès, a été envahi par des centaines de citoyens, il y avait des personnalités connues mais aussi, et surtout des milliers d’anonymes. La fondation a, bien entendu, concocté un riche programme de commémoration qui a débuté depuis le 22 du mois en cours.

Un riche programme pour honorer la mémoire du rebelle

Depuis vendredi dernier, Taourirt a renoué avec les activités culturelles pour commémorer le 14ème anniversaire de l’assassinat de rebelle. L’école primaire du village, qui porte le nom Mebarek Matoub, a abrité une exposition relative à l’œuvre de Lounès. Des tableaux de peinture, de la poterie, des bijoux, des robes Kabyles, des photos et des coupures de presse y sont exposés jusqu’à la clôture des festivités. Des concours de poésie sont au programme avec des troupes, comme celle d’Iferhounène et Tachemlit. Avant-hier en soirée, un grand gala artistique a été organisé avec la participation de plusieurs chanteurs Kabyles comme Lani Rabah, El Hasnaoui Amechtouh, Almas Hamid… L’assistance était nombreuse et une ambiance conviviale a caractérisé ce gala. « Le Rebelle a donné sa vie à la Kabylie. Nous sommes là pour poursuivre son combat », dira Lyes Menasria venu de Bordj Bou Arréridj. Hier, jour anniversaire du lâche assassinat, les festivités ont été entamées par le dépôt d’une gerbe de fleurs à Tala Bounane, là où Matoub a été ravi aux siens par ses bourreaux. Il y avait là la mère du chanteur, accompagnée par les membres de sa famille et de la fondation Matoub, le directeur de la culture de Tizi-Ouzou, M. Ould Ali et d’une foule nombreuse. Une autre gerbe a été déposée sur la tombe du défunt par les mêmes personnes. Il faut dire que les citoyens n’ont pas manqué eux aussi, de fleurir la tombe de l’artiste. « Nous sommes là pour nous recueillir sur la tombe de Lounès et rendre un hommage à celui qui a lutté sa vie pour, Tamazight, la démocratie et les droits de l’hommes. Il le mérite bien ». A 14 heures, il fut procédé à la cérémonie de clôture, et rendez-vous est déjà pris pour l’année prochaine. D’ici là les citoyens, la famille et les membres de la fondation espèrent avancer pour élucider le meurtre de Lounès Matoub.

H. T.

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