Avant-hier, l’établissement public de santé de proximité de Bouira (EPSP), a organisé une journée de formation et d’information, concernant le fléau de la toxicomanie. A cette occasion, plusieurs spécialistes et experts dans ce domaine, notamment des psychologues, ont pris part à cette journée d’étude. Lors de cette conférence, l’accent a été mis sur ‘’la conduite à tenir pour la prise en charge des toxicomanes’’. D’ailleurs les différents intervenants ont axés leurs discours sur les différents aspects et profils des toxicomanes. Ces derniers, selon les experts présents, sont ‘’des victimes de la société et non pas de vulgaires criminels qu’on doit enfermer dans des centres’’. Le premier intervenant, le Dr Belhabib, psychologue indiquera : ‘’Les toxicomanes, surtout les plus jeunes d’entre eux, doivent être accompagnés d’une manière très encadrée de sorte qu’ils puissent sortir de leur dépendance, sans que cela ne soit brutal pour leur esprit’’. Et d’ajouter : ‘’La société a tendance à incriminer injustement ces personnes. Mais il faut avoir en tête que chacun de nous peut, à un moment donné de sa vie, s’engouffrer dans la spirale de la toxicomanie. Cela n’arrive pas qu’aux autres’’, a-t-il lancé. Tout au long de son intervention, M. Belhabib a exhorté les pouvoirs publics à ‘’prendre en charge les victimes, sans pour autant les diaboliser’’. Ensuite, c’était le tour de Mme Mansour, experte en matière de toxicomanie et les méfais de la drogue, de prendre la parole. Cette spécialiste a dressé un constat sans détour sur la situation des toxicomanes en Algérie (près de 200.000) selon les dernières statistiques : ‘’Nos enfants sont en déperdition ! D’ailleurs, les études le prouvent, il y a une augmentation progressive de ces chiffres de la toxicomanie, vu la baisse du coût des drogues, l’augmentation du nombre de chômeurs chez les jeunes et le manque d’espoir’’, a-t-elle fait savoir. Avant de s’interroger sur l’avenir et le sort de ces victimes : ‘’ Doit-on les abandonner ? Doit-on les traiter comme des pestiférés ? Bien sûr que non ! C’est à nous professionnels et spécialistes de les accompagner vers la voie de la guérison, par des méthodes scientifiques, qui peuvent aider cette frange de la société à s’en sortir’’. Concernant les méthodes à suivre, Mme Mansour a estimé que : ‘’La meilleure approche pour soigner les toxicomanes, c’est celle qui consiste à plonger dans leur univers, connaitre leurs angoisses, leurs craintes et déceler les origines du mal. Faites une introspection au cas pas cas des malades. Car chaque toxicomane, a une histoire qui l’a conduit à basculer du mauvais côté de la barrière’’. Par la suite, c’était le Dr Aoues, spécialiste du fléau de la toxicomanie, de parler des centres intermédiaires de soins pour toxicomanes. Ces structures spécialisées, prennent en charge les problèmes de la drogue, et ce, dans les différents milieux et couches de la société. Le Dr Aoues, a affirmé en substance que les centres de désintoxication prennent en amont et en val les problèmes des jeunes toxicomanes, s’emploient à libérer définitivement les patients de cette addiction. Le tout avec l’aide d’une équipe de médecins et psychologues qualifiés. Pour rappel, les derniers chiffres de l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLCDT), le nombre de toxicomanes est en constante progression, avec près de 200 000 cas répertoriés. Plus inquiétant encore, selon cet office, un très faible pourcentage de toxicomanes arrive à se délivrer définitivement de l’emprise de la drogue. Enfin, il est à souligner que le centre de toxicomanie de Bouira, traite des dizaines de cas chaque année, avec un taux ‘’acceptable’’ de toxicomanes qui ont pu sortir de la spirale infernale de la dépendance aux drogues, selon les indications des responsables du secteur de la santé de la wilaya.
R. B.
