Des entreprises au bord de l’asphyxie

Partager

Des plans de charge au ras des pâquerettes, des échéances de paiement renvoyées aux calendes grecques, des chiffres d’affaire en chute libre, des bénéfices réduits à leur portion congrue… Ce sont ces éléments de conjoncture sous lesquels se décline la situation de bon nombre d’entreprises installées dans la vallée de la Soummam. Un profond marasme qui préfigure des perspectives non moins moroses, s’inquiètent des opérateurs économiques. «Le mal est endémique, et rien n’indique qu’il sera enrayé de sitôt», résume le gérant d’une entreprise spécialisée dans les travaux du gaz. «Nous avons des situations financières impayées depuis 18 mois. Malgré les belles professions de foi des autorités, on ne voit rien venir. Il en résulte que nous ne pouvons ni faire face à la masse salariale, ni honorer les contrats de nos fournisseurs, encore moins achever les chantiers qui nous sont confiés», explique-t-il, sur une pointe d’inquiétude. Versé dans le même créneau, un entrepreneur confesse avoir été contraint de mettre ses employés au chômage technique, en attendant la mise au chômage tout court ! «Hélas, c’est une situation à laquelle nous ne pouvons pas échapper, à moins que les pouvoirs publics se décident à prendre des mesures salvatrices pour nous sauver de la déroute», souligne-t-il. Même le tout puissant secteur du BTPH, réputé pour sa résilience aux soubresauts, est sérieusement impacté, nous confie-t-on. Tiré essentiellement par une commande publique, laquelle est en perte de vitesse, l’activité a emprunté une courbe de décroissance qui a mis bien des entreprises au bord de la banqueroute. «Seules les entreprises solides et ayant une assise financière confortable peuvent sortir indemnes de cette période de dépression», confesse le patron d’une entreprise de bâtiment, avouant avoir recouru à une compression d’effectif pour se tirer de la mauvaise passe, en attendant une hypothétique embellie. «Il y a des entreprises, parmi les plus petites, qui ont déjà cessé toute activité. Les plus résilientes tiennent encore le coup, mais jusqu’à quand ?», s’interroge un autre opérateur. Les entreprises ayant atteint une taille critique ont plus de chances de tirer leur épingle du jeu. Pour autant, prévient-on, si le statue quo devait perdurer, des plans sociaux, assortis de licenciements, sont inéluctables. Installé dans la ZAC de Taharacht, près d’Akbou, le responsable d’une SARL spécialisée dans le domaine agro-alimentaire a, pour sa part, mis l’index sur les incidences négatives générées par la pénurie de matière première sur le marché local. Une situation qui découle, note-t-il, du régime de restriction à l’importation mis sur pied par le gouvernement, dans le cadre de l’installation de barrières non tarifaires. «Nous sommes lourdement pénalisés par cette mesure censée pourtant protéger l’économie nationale. Faute d’intrants, les chaines de fabrication tournent au ralenti. Heureusement que les pouvoirs publics sont revenus sur leur décision», tempère-t-il.

N. Maouche

Partager