Le festival de Maâtkas aura tenu toutes ses promesses, il faut dire que plusieurs activités culturelles ont été organisées pendant les 3 premiers jours de l’événement.
Le va-et-vient incessant des curieux ne s’est guerre arrêté même pendant les heures les plus chaudes de la journée. Ceci, en plus de l’imposante exposition vente qui a attiré de nombreux curieux et des amoureux de l’artisanat berbère. Les stands et les carrés réservés aux artisans n’ont pas desemplis à longueur de journées. Ce qui a fait bien entendu le bonheur des artisans qui ont vu ainsi leurs œuvres se vendre comme des petits pains. «Cette année, les clients sont nombreux, j’avoue que presque tous mes stocks sont épuisés. J’ai dû à chaque fois refaire le plein. L’année prochaine, je serai obligé de faire un stock plus important», dira en substance une vieille artisane. Il est aussi à signaler que les jeunes des deux sexes ont fait du CFPA, un lieu de rencontre. Les plus âgés se sont fait une joie de redécouvrir les ustensiles du passé. Il ne faut surtout pas oublier de signaler que la maison traditionnelle kabyle a attiré son lot de visiteurs. Les jeunes se demandent comment leurs grand parents vivaient dans des maisons pareilles. «Cette maison est idéale. En plus de l’écurie et des mangeoires, il y a le métier à tisser, les Ikoufanes, le berceau, la sous pente et le Kanoun. Dire que nos grands parents dormaient aussi dans la même pièce ! En tout cas l’espace est convivial». Il faut dire que tous apprécient l’organisation de cet événement qui renvoie à la culture et à l’identité amazighes. Dans l’atelier réservé à l’apprentissage destiné aux plus jeunes, les vieilles potières font de leur mieux pour transmettre leur savoir aux enfants et aux filles avides d’apprendre à travailler l’argile, ce qui vraisemblablement augure un bon avenir au métier, d’autant plus que la réalisation d’une maison de l’artisanat a été faite par le chef de daira, lors de la cérémonie d’ouverture.
Rabah Asma pour faire la fête
Dès le 2e jour du festival, c’est-à-dire mercredi passé le professeur M. Dahmani et Mme Amamera, des professeurs en la matière, ont animé une conférence thématique sur la résistance culturelle de la poterie. M. Dahmani a lors de son intervention mis l’accent sur l’histoire de la poterie de Maâtkas. «Les motifs décoratifs utilisées par les potières ne sont pour la plupart que les caractères du Tifinagh», dira l’orateur. Le débat avec les présents fut riche en enseignements. Dans l’autre conférence organisée jeudi à 10 heures et animée par le professeur d’histoire, M. Sahel, à propos de la résistance culturelle de la potière lors de la glorieuse révolution de Novembre, le conférencier est revenu longuement sur l’histoire de la révolution algérienne et sur l’importance donnée à la préservation de notre culture et de nos coutumes par les Novembristes. «La révolution imposée aux Algériens par l’armée coloniale n’est pas seulement la prise des armes. Elle s’est faite dans tous les domaines. La lutte armée était inévitable et elle a été déterminante. Le moudjahid algérien avec ses moyens de fortune mais issus de son patrimoine et sa foi en la justesse de sa cause ont fait la différence. Le soldat français avec tous les moyens modernes mis à sa disposition, les tanks, les avions et le napalm, a été battu par les coufins, les épées et le courage des chouhada». Avant d’enchaîner : «Savez-vous que le 1er Novembre 1954 s’était le Mouloud ? une date non fortuite combien symbolique. Les Novembristes savait ce qu’il faisaient. L’on continue aujourd’hui à nous demander comment ils ont fait pour distribuer la proclamation de Novembre en une seule nuit à travers le territoire national. Ils n’avaient pas les moyens de communication que nous avons aujourd’hui. Ce sont là les miracles de la glorieuse révolution de Novembre», avant de conclure : «Le peuple algérien a résisté sur tous les fronts». Du côté animation artistique, signalons qu’en soirée, Rabah Asma a réussi à créer une ambiance des grands jours, à la place de la mairie. Un gala qui a drainé les foules où les jeunes ont pu l’espace de quelques heures renouer avec la chanson moderne et la danse. Rabah Asma a puisé dans son riche répertoire pendant des heures entières. Sa voix angélique et sa musique Rock par moment ont en effet secoué les oliviers de Maâtkas. Rappelons aussi que dans la même journée, les pensionnaires du foyer pour personnes agées de Boukhalfa ont été reçus par le directoire du festival. Un déjeuner leur a été offert en plus de cadeaux souvenirs.
Hocine T.