Le phénomène devient alarmant

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À l’instar des autres localités de la wilaya, la commune d’Aomar, fait face à une mendicité massive, surtout celle des femmes et des enfants.

Ainsi, les trottoirs de cette municipalité sont accaparés par les mendiants en quête d’âmes charitables, ou de proies faciles à ‘’dépouiller’’. En effet et à travers les rues et ruelles du centre ville d’Aomar, ces mendiants pullulent et profitent de la naïveté des passants, ou de leur générosité pour se faire un maximum d’argent.

Cependant, bon nombre de citoyens croisés nous ont fait part de leur exaspération vis-à-vis de ce phénomène.

« Ce sont des commerçants ni plus ni moins. La plupart de ces pseudos mendiants, sont connus de tous! » nous a-t-on indiqué. Hocine, propriétaire d’une cafétéria au centre-ville d’Aomar, a affirmé que « presque tous les mendiants qui font la manche sur les trottoirs ne sont nullement dans le besoin, bien au contraire, la plupart d’entre eux ont un foyer et des biens », a-t-il assuré.

Avant de montrer du doigt une mendiante avec son présumé petit garçon d’à peine 4 ans. « Vous voyez cette femme, allez lui proposer de lui payer une boisson bien fraîche, ou bien quelque chose à manger et vous allez voir ce qu’elle va vous dire », a-t-il lancé.

De l’argent, sinon rien !

La femme d’une trentaine d’années, vêtue d’haillons, était allongée sous un arbre, prenant dans ses bras un gamin couvert d’une couche de crasse, morve au nez et dans un état de santé plutôt inquiétant. Nous lui avons proposé de lui offrir une bouteille de soda pour se désaltérer, ou bien un sachet de lait pour son supposé enfant. À peine nous avons terminé notre phrase que cette dame nous a regardé d’un air menaçant et de lâcher avec une certaine véhémence : » Maraniche jiaana, rouh akhtini! », littéralement, je n’ai pas faim, laissez-moi tranquille. De retour vers le commerçant, il nous a regardé d’un air moqueur, avant de lâcher : » Alors, vous considérez toujours cette femme comme une pauvre mendiante, à la recherche d’une miche de pain? Ce sont presque tous de petits escrocs ».

Guerre de territoire

À proximité de la placette d’Aomar, tous les mendiants de la ville se réunissent et se partagent « un territoire de chasse ». Et gare à celui, ou à celle qui ose piétiner les « plates-bandes » de l’autre. La scène qui suit est assez édifiante sur « la concurrence » qui règne entre les mendiants… Un mendiant qui a osé franchir le « périmètre » d’une autre s’est fait carrément rappelé à l’ordre par cette dernière, d’une manière assez virulente :  » Wech djabek el andi? Rouh outloub baaid! », (que viens-tu faire tout près de moi? va quémander ailleurs!) », lui a-t-elle assenée sèchement. Les quelques citoyens interrogés sur le sujet, affirment avoir assisté à des bagarres intenses entre mendiants. Chafik, un jeune étudiant, nous a raconté sa petite mésaventure : « Une fois, en voulant m’interposer entre deux mendiantes qui se crêpaient le chignon, je me suis pris des coups », avant d’ajouter :  » Ce sont de véritables furies. En plus et c’est plus grave, elles entraînent des enfants dans leur petit commerce. C’est scandaleux!».

Des enfants en guise d’argument

À ce sujet, la plupart des mendiant(e)s, croisées au niveau de la commune d’Aomar, ont un enfant avec elle. Ces gamins, le plus souvent en bas âge, servent pour attirer les « clients », pour donner une pièce ou deux. C’est en tout cas, ce que nous ont révélé certains citoyens. Ces derniers, nous ont fait part du « drame » qui se passe dans les rues d’Aomar. « En plus d’escroquer les gens, en faisant croire qu’ils sont dans le besoin, ces pseudos mendiants utilisent les enfants pour attendrir les cœurs. C’est de l’exploitation honteuse d’enfants », ont-ils affirmé. L’un d’entre eux, Mohamed, fonctionnaire à l’ADE d’Aomar, nous a confié que :  » C’est de notoriété publique, ces femmes exploitent leurs enfants, dans le but de gagner quelques sous de plus. C’est en quelque sorte, un argument commercial », a-t-il souligné. Et de préciser que : »quelques-unes, rémunèrent leurs enfants comme des salariés à temps plein! Ce qui se passe, dépasse tout ce qu’on peut imaginer, je peux vous l’assurer ». Les enfants en question, sont dans la majorité des cas, des bébés, ou bien de petits garçons ou petites filles, qui viennent s’accrocher aux passants, et qui donnent l’impression d’être  » conditionnés », pour pleurer sur commande. D’ailleurs, certains ne peuvent résister à ces petites bouilles et finissent par lâcher une pièce de 10 ou 20 da. :  » Je ne peux pas supporter de voir cela, malgré que je sais pertinemment que ces mendiants jouent la comédie et que ces enfants sont de simples instruments. Mais que voulez-vous, j’ai un cœur tout de même », nous a déclaré Wissem, qui venait de donner une pièce à une mendiante et sa petite fille. Il est évident que la mendicité à Aomar comme dans d’autres villes du pays, est devenu un véritable métier, avec des rouages, des codes et des « arguments » commerciaux.

Ramdane B.

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