“Nous dénonçons le silence des autorités”

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Des dizaines de gardes communaux ont tenu, hier, un sit-in devant le siège de la wilaya pour dénoncer «le silence desautorités quant à la répression qui s’abat sur leurs camarades, enclavés depuis quelques jours à Blida».

Par cette action, qui se veut ouverte et inscrite dans la durée, les initiateurs disent vouloir exprimer leur soutien et leur solidarité aux gardes communaux enclavés au niveau du siège de la garde communale de Blida. « Nos camarades vivent un calvaire, depuis quelques jours à Blida, sans que quiconque n’intervienne pour mettre fin à cette situation. Privés d’eau, d’électricité et de soins, ces gardes communaux risquent d’y laisser leurs vies. Certains d’entre eux ont entrepris une grève de la faim, avec toutes les conséquences qu’une telle action pourrait engendrer sur leur santé. Où sont passées les autorités ? C’est scandaleux !», a déclaré d’un air furieux, un délégué des gardes communaux de Bouira. Pour ce dernier, les gardes communaux ne font, « ni plus ni moins que revendiquer leurs droits les plus élémentaires, en réitérant leur appel à l’endroit des hautes autorités, pour la prise en charge de leurs revendications ». Pour notre interlocuteur, de toutes les revendications soulevées il y a quelques mois, lors leur marche dans la capitale, presque aucune n’a été satisfaite. « À l’exception des rappels, un des plus médiocres que l’Etat aient à verser aux travailleurs des différents secteurs d’activité depuis le début de la protestation sociale, et de la toute petite augmentation ayant touchée la retraite, aucun des autres points contenues dans la plate-forme de revendications, au nombre de 10, n’a été satisfait », a tenu à préciser le représentant des gardes communaux. Toujours selon lui, les éléments du corps dont il fait partie vivent une situation des plus précaires et ce, en dépit de la charge de travail, des contraintes, des risques et des sacrifices consentis depuis la création de la garde communale au début des années 90. « Nous sommes un corps paramilitaire, mais nous ne bénéficions pas du même traitement dont jouissent les autres corps de sécurité chargés de la lutte antiterroriste », a déclaré un garde communal. Et d’ajouter : « Nous sommes mobilisés presque H24, mais nous ne sommes assurés que 8h seulement, comme les fonctionnaires de l’administration ». Et un autre d’enchaîner : « Sans notre apport, le terrorisme n’aurait jamais été vaincu. C’est nous qui avons nettoyé les maquis infestés de terroristes. Nous avons répondu à l’appel de la nation, mais depuis tout ce temps, nous demeurons encore des laissés pour compte ». Les gardes communaux parlent tout simplement de « marginalisation et d’abandon de l’Etat» envers leur corps. Pour illustrer cette situation de marginalisation, un des gardes communaux, victime du terrorisme et se disant porter encore des balles dans différentes parties de son corps, s’insurge en se déclarant être aussi victime du système. « Nous sommes 13 gardes à avoir été sérieusement blessés lors de la décennie noire. En 2003, nous étions en arrêt de travail. Abandonnés par l’Etat pendant 5 ans, ce n’est qu’en 2008 que nous avons réintégré les rangs de ce corps. A ce jour, nous continuons d’interpeller les différents responsables sur notre cas. Nous n’avons reçu ni prise en charge médicale, et encore moins des dédommagements ». En outre, les protestataires rencontrés hier ont tenu à condamner les pressions dont font l’objet beaucoup de leurs camarades. Un fait rare a cependant caractérisé l’action des gardes communaux à Bouira, il s’agit de l’appel pressant lancé aux organisations internationales des droits de l’homme pour leur venir en aide. Un appel que les gardes communaux ont inscrit sur l’une de leurs banderoles placardées à l’entrée du siège de la wilaya. Cet appel résume, à lui seul, l’ampleur de la détresse et le désarroi des éléments de ce corps de sécurité.

D. M.

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