Les activités culturelles niveau de la wilaya de Bouira sont au point au mort ou, dans le meilleur des cas, timides.
Ce constat est établi par de nombreux professionnels du secteur. Preuve de cette inertie, l’absence festivités et autres événements culturels d’envergure, proposés. Ces derniers, n’hésitent pas à pointer du doigt les « carences » de ce secteur névralgique. À ce constat plutôt amer, deux questions s’imposent d’elles-mêmes : Quelles sont les raisons de cette « hibernation » culturelle? Et comment les responsables de ce secteur, à leur tête le directeur de la culture de la wilaya, comptent y remédier?
Une gestion décriée
Ce n’est un secret pour personne, la culture, en toutes ses formes et déclinaisons, est une richesse et un acquis pour la société. De ce fait, si on prend l’exemple de la wilaya de Bouira, il faut bien l’admettre, le secteur de la culture et des divertissements est, et n’ayons pas peur des mots, le parent pauvre, comparativement à d’autres, des secteurs d’activité. D’ailleurs, depuis le début de l’année, les grands événements culturels qui se sont déroulés à Bouira se comptent sur les doigts d’une seule main. Le concert de King du Raï, Cheb Khaled (auquel la direction de la culture n’était qu’un partenaire secondaire), le salon du livre Amazigh (à l’initiative du HCA et appuyé par de nombreux intellectuels) et… C’est tout! Pourtant, Bouira n’a rien à envier à d’autres wilayas, à l’instar de Béjaïa ou Tizi-Ouzou, où les manifestations culturelles sont légions. Selon une source proche de la Direction de la culture, ce « désintérêt » serait essentiellement dû à « la méthode de gestion du secteur et la vision qu’ont les responsables vis à vis de ce segment ». Notre source prendra l’exemple des récents événements chapeautés par la direction de la culture. « Depuis sa prise de fonction, il y a de cela un peu plus d’une année, le directeur de la culture ne cesse de privilégier les échanges culturels entre les régions. Certes, c’est une bonne chose, cependant la qualité mais aussi la façon de procéder, laissent vraiment à désirer », a-t-elle indiqué. À titre indicatif, on ne dénombre qu’une dizaine d’échanges culturels entre les différentes régions du pays et la wilaya de Bouira. D’ailleurs « les semaines culturelles », de telle ou telle wilaya, sont souvent à l’affiche au niveau de la Maison de la culture Ali Zaamoum de Bouira, sans que grand monde ne se bouscule au portillon. Autre point soulevé par notre source, celui relatif à « la culture du folklore », laquelle serait prédominante. « Comment voudriez-vous faire du neuf avec du vieux ? Le domaine de la culture est tellement vaste qu’on ne peut le contenir aux simples pièces de théâtres pour enfants et autres représentations de clowns, et encore moins le limiter à des concours de chant et de poésie! Malheureusement, l’administration actuelle a axé son travail sur les points que je viens de citer » dira notre interlocuteur, et d’ajouter : « Continuer sur cette voie-là c’est la mort pure et simple de la culture dans son sens le plus noble ».
«Les artistes n’ont aucun avenir à Bouira»
Le constat, sans détour, dressé par notre source, est partagé par les artistes de la wilaya, notamment les plus jeunes d’entre eux. Achour, guitariste et fondateur du groupe de rock Black Rivers, nous a confié son « amère » expérience avec les responsables de la culture :
«Nous avions, avec mes camarades, l’ambition de lancer un petit festival de rock régional, regroupant des groupes de Bouira et des wilayas limitrophes. À cet effet, nous avons frappé à toutes les portes, mais en vain. Par la suite, nous avons entrepris de nous adresser directement à la direction de la culture de Bouira. Eh bien, figurez-vous qu’au niveau de cette direction, notre initiative a été carrément tournée en dérision ». Avant de poursuivre : « Suite à ce refus, nous avons décidé de nous adresser à la direction de la culture de Béjaïa. Au niveau de cette wilaya, toutes les facilitations nous ont été accordées et nous avons pu convier nos amis à un petit festival. C’est pour vous dire qu’à Bouira, les artistes, en particulier, et la culture en générale, n’ont aucun avenir! ». Pour leur part, les citoyens, en parlant de la culture à travers la wilaya, font état d’un secteur moribond et en déperdition. « De quelle culture parlez-vous? Celle qui éveille les esprits ou bien celle qui sert de façade à l’incompétence des responsables? Si c’est la première, je suis dans le regret de vous annoncer qu’elle se trouve dans un coma profond. Pour la seconde, rien de plus simple, faites un petit tour à la Maison de la culture, je suis certain que vous y trouverez votre bonheur! », nous déclare Abdelkader, prof de droit à la faculté de Bouira, d’un air moqueur. Outre le manque d’événements culturels, on constate aussi le manque d’infrastructures, tels que des salles de cinéma, de théâtre…etc. Seules les bibliothèques communales, à l’image de celle de Sour El Ghozlane, Bordj Okhris, Ahnif, pour ne citer que celles-ci, « sauvent les meubles ». D’ailleurs, Bouira est parmi les rares wilayas du pays à disposer de bibliothèques dans chaque commune.
S.O.A.