« J’ai trouvé un secteur à l’abandon »

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Au vu de ce constat et d’après les témoignages recueillis, on relève que la culture à Bouira souffre d’un bon nombre de carences. Dans le but d’en savoir plus sur le sujet, nous avons pris attache avec M. Nacer Mourad, directeur de la culture de Bouira. De prime abord, notre interlocuteur dresse l’état de son secteur, à son arrivée aux commandes. « Je me suis retrouvé face à un secteur à l’abandon! Sans aucune vision, ni réelle politique ou stratégie. Pour preuve, on n’avait même pas de siège de direction. En plus, on avait des crédits plein l’ardoise », a-t-il souligné avant d’ajouter : « Avec mon staff, on a entrepris un chantier de refonte de la culture à Bouira, avec une nouvelle vision et de nouvelles bases ».

«Je dérange certains !»

À propos de cette conception de la culture, notre vis à vis a déclaré que « notre politique vise à redonner une âme à la culture de proximité par des pièces de théâtre, des concerts de musique populaire et d’autres activités qui touchent le large public et qui contribuent à l’émergence d’artistes locaux ». Interrogé sur le manque flagrant d’événements culturels d’envergure, M. Nacer rétorque : « Je ne fais pas dans l’événementiel. Comme je l’ai expliqué précédemment, on a une vision à long terme pour développer la culture dans notre wilaya. Les événements sont faits pour accompagner une stratégie et non pas être une stratégie en soi ».

«La culture est le parent pauvre à Bouira »

Concernant les critiques dont il fait l’objet, le premier responsable de la culture à Bouira dira d’un ton ferme : « On n’est critiqué que lorsque on agit! Quand on ne fait rien, qu’on ne prend aucune initiative et quand on n’a aucun projet à proposer, il est bien normal qu’on ne se fasse pas critiquer. Vous voulez que je vous dise, je dérange! Je sais que certains n’attendent qu’un faux pas de ma part pour me descendre en flammes ». Notre interlocuteur a néanmoins évité d’entrer dans les détails. Par ailleurs, et au sujet des wilayas limitrophes, à savoir Tizi-Ouzou et Béjaïa, et leur avance considérable en matière d’organisation de festivals, colloques et autres événements, notre interlocuteur a admis le retard de Bouira sur ce plan et l’explique par « le manque de financement de son secteur par les autorités ».

«La Maison de culture Ali Zamoum va projeter trois films par semaine »

Et de préciser que « le budget alloué à la culture à Béjaïa et à Tizi, représente 50 fois celui de Bouira. On a un budget très restreint, de l’ordre de 100 à 150 mille dinars, c’est très insuffisant. La culture est le parent pauvre à Bouira », s’est-il plaint.

Abordant le sujet des réalisations entamées depuis son installation à la tête du département, M. Nacer n’a pas hésité à présenter le bilan des projets concrétisés, ceux en cours de réalisation et des autres inscrits pour mettre en œuvre. « Dès mon arrivée à Bouira, j’ai mis un point d’honneur à restaurer le patrimoine historique de la wilaya. Le Fort Turc, le Tombeau de Takfarinas, la Muraille de Sour El Ghozlane… ont été entièrement restaurés », a-t-il mis en lumière. Sur le volet des salles de cinéma et leur inexistence à travers tout le territoire de la wilaya, le directeur a noté que « nous faisons face à une farouche apposition des APC pour la cession des salles de cinéma », citant l’exemple des communes de Lakhdaria et M’Chedallah, pour illustrer ce « bras de fer ». « Depuis 14 mois, c’est à dire depuis mon arrivée, on a essayé d’obtenir les salles de cinéma, laissées à l’abandon dans ces deux communes, mais en vain. Ce n’est que récemment que l’APC de M’Chedallah nous a finalement cédé la salle, que nous allons très vite aménager et équiper par les meilleures installations, en attendant que les autorités municipales de Lakhdaria ne se décident, enfin, à se désister à leur tour ». Et d’enchaîner sur une bonne nouvelle, pour les cinéphiles du chef-lieu de la wilaya, « je vous annonce que d’ici très peu de temps, la Maison de la culture Ali Zaamoum va projeter trois films par semaine. On vient de recevoir le matériel adéquat, qui est de dernier cri ».

Cependant, la question qui demeure posée est celle-ci : À quand une vraie cinémathèque à Bouira? Et à cette interrogation, M. Nacer reste perplexe : « Très franchement, je ne saurais vous répondre. Comme chacun le sait, à Bouira, le problème de l’assiette foncière se pose avec acuité. De ce fait, il m’est très difficile de m’avancer sur ce sujet. Toutefois, je tiens à vous assurer que nous déployons tous nos efforts dans le but d’offrir à nos concitoyens une salle de cinéma digne de ce nom ».

Ramdane B.

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