Le semeur d’espoir

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Il aurait pu chanter a cappella cette soirée du 5 juillet tant il tenait à être parmi les siens. Rien ne pouvait l’arrêter.

Pour honorer le cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie, il a mis sous l’éteignoir son indiscutable exigence : le confort du public. «J’aurais aimé qu’on joigne la symbolique de cette date à un concert digne de ce qui se fait sous d’autres cieux moins nantis que celui d’Algérie, mais enfin… Cela nous apprend encore une fois que la volonté parce qu’elle y était réellement, à elle seule ne peut pas suffire. Il est temps de prendre conscience que comme pour faire décoller un avion il faut un pilote, la technique est une affaire de techniciens.» S’agissant de la volonté clairement affichée par les organisateurs, M Salah Bekka, manager de Takfarinas, reconnu dans «le sérail» du spectacle mondial et qui a été depuis 24 ans celui de bien d’autres monuments notamment algériens de la chanson tels que Aït Menguellet, Khaled, Bâaziz a tenu à rendre hommage à ses interlocuteurs : «Le dévouement de MM Yefsah et de M Khemici représentants du Ministère de la Jeunesse et des Sports et de toute leur équipe pour mener à bien l’organisation du gala du 5 juillet était sans pareil. Nous avons admiré leur disponibilité et leur inquiétude permanente quant à la réussite de l’événement, mais malheureusement comme à chaque fois, il a manqué un pour faire vingt. Le volet technique n’a en effet pas honoré leur abnégation. Les mauvaises habitudes doivent cesser de nous tenir. Quand nous lâcheront-elles ?… » Tak s’est déplacé avec ses meilleurs musiciens et, excusez du peu, avec M. Madjid Malki, ingénieur du son de Prince, attendu le lendemain au stade de Bordeaux par Johnny Hallyday. Takfarinas, fidèle à son professionnalisme plus pointilleux que celui de beaucoup de stars planétaires, est monté sur scène avec une verve et une émotion qui ont mis à nu le mal de ses 22 ans d’absence des scènes algériennes. Ils étaient deux : lui et son inimitable instrument qu’il faisait à la fois youyouter de joie et pleurer d’émotion : «Cette occasion, nous ne la vivons, qu’une fois susurre-t-il. Rendre hommage au million et demi de chahid et aux moudjahidine ne doit pas être seulement une date, comme une corvée à « liquider », on devrait en faire un devoir quotidien et cela ne peut se faire que par le travail. Rendre hommage aux chahid et à la révolution, veut dire aujourd’hui, rendre l’espoir à la jeunesse». Rendre l’espoir aux jeunes, leur refaire croire en leur capacité de travail et d’amour, l’artiste s’y attelle depuis sa première chanson, il y a plus de 30 ans. La confiance et l’amour du pays en bandoulière, Takfarinas ne désespère pas de sillonner les villes de son pays pour semer ce qu’il y a de meilleur en nous. Que Dieu l’entende et fasse comprendre que la culture est le meilleur ambassadeur d’un pays.

Mohamed Hamouma

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