Décidément, à cette allure, on n’est pas prêts d’en finir avec les bilans macabres. L’hécatombe sur nos routes prend une telle ampleur qu’il devient aujourd’hui urgent de prendre des mesures autrement plus répressives à l’encontre des contrevenants au code de la route, toutes les parties concernées ayant établi que les accidents sont en majorité dus au facteur humain.
Et pour illustrer cet état de fait, le dernier bilan dressé par la gendarmerie nationale indique que plus de 100 morts et 1540 blessés ont été enregistrés dans des accidents de circulation et ce durant la seule période s’étalant du 10 au 16 du mois en cours. En dépit du durcissement des sanctions à l’encontre des contrevenants au code de la route, les statistiques demeurent inquiétantes. Le nombre d’accidents ne fait qu’augmenter alors que celui des victimes (morts) s’alourdit d’année en année. En moyenne, 11 personnes meurent par jour dans des accidents de la circulation. Ces données, qui donnent froid au dos, font que l’Algérie maintient toujours sa place en tête des pays maghrébins et du monde arabe en termes de «mortalité routière» pour un parc national automobile estimé à 5,5 millions de véhicules. Les dépassements dangereux sont à l’origine de 8 à 9% des accidents de la circulation routière en Algérie, selon les statistiques. 91% des accidents de la route en Algérie sont dus au facteur humain, et parmi ces facteurs «il y a l’excès de vitesse», a signalé Messaoud Nasser, représentant du ministère du Transport. Selon ce dernier, l’excès de vitesse, lié au dépassement dangereux notamment en zone rurale où l’on enregistre le taux le plus élevé des accidents avec 54,66%, est, dans tous les cas, la cause principale des accidents de la route en Algérie.
L’inattention qui tue
L’inattention des conducteurs est responsable de huit accidents de la route sur dix, selon une étude américaine. La somnolence, le téléphone portable, les retouches au maquillage… sont quelques unes des nombreuses distractions au volant qui augmentent significativement les risques d’accident, selon les observations des chercheurs qui ont filmé pendant un an plus de 200 conducteurs. Devançant tous les autres risques, tenter d’attraper un objet en mouvement multiplie par neuf les risques d’accident. En comparaison, lire au volant, se maquiller ou utiliser un portable les multiplient par trois. Cette étude a permis aux chercheurs d’observer les secondes qui précèdent un accident ou une collision évitée de peu. Ils ont ainsi clairement établi un lien entre les risques d’accident et les nombreuses activités effectuées en conduisant, comme manger, parler au téléphone ou toute autre activité pouvant détourner l’attention du conducteur.
Quatrième au rang mondial derrière les Etats-Unis
Malgré le net tour de vis donné par les autorités, le nombre d’accidents continue d’augmenter, plaçant l’Algérie au 4ème rang mondial derrière les Etats-Unis, l’Italie et la France. L’Algérie détient même le triste record du pays du Maghreb et du monde arabe qui enregistre le plus de morts sur les routes. Des accidents qui ont pour autres causes le mauvais état des routes et des voitures. 15 000 véhicules de transport ont, par exemple, été retirés de la circulation en 2008, sans parler des intempéries qui ont largement touché l’Algérie ces derniers mois. Le parc national automobile n’a cessé de s’agrandir en Algérie pour atteindre, aujourd’hui, 5 250 000 véhicules (tout types confondus). Les autorités algériennes vont devoir, une nouvelle fois, réagir avec des mesures drastiques, on parle même de réduire la vitesse sur autoroute à 80 Km/h. Le volume horaire des cours d’autoécoles va être augmenté et mieux contrôlé de même que le cahier des charges des transports collectifs. Le tout sur fond de répression plus lourde, comme le retrait définitif du permis de conduire ou bien la condamnation des chauffards à des peines de prison. Les campagnes de sensibilisation, organisées çà et là et invitant les conducteurs au respect du code de la route, n’ont visiblement servi à rien. Même le volet sanctions, revu à la hausse, ne semble pas dissuader certains chauffards d’appuyer sur l’accélérateur. D’aucuns estiment qu’en l’état actuel des choses, il serait utopique de prétendre mettre fin à cette hécatombe, en revanche, en diminuer l’ampleur ne serait pas impossible. L’entrée en vigueur, au début de l’année, d’un nouveau code de la route, semble ne pas parvenir à endiguer le phénomène. Le nombre de morts a même augmenté de 13% par rapport à l’année dernière. En cause, le non-respect du code de la route, quel qu’il soit, la prise de risques inutiles, un parc automobile en constante augmentation (près de 5 millions de véhicules à ce jour, en mauvaise état pour la plupart) et un réseau routier souvent vétuste.
Contrôle technique automobile : Beaucoup reste à faire…
Si on prend en compte la triste place qu’occupe l’Algérie dans le classement mondial, en matière d’accidents de la route et par voie de conséquence, le nombre effarant de victimes qui en résulte, on serait tenté de croire à l’inexistence des structures de contrôle, ou à leur nombre trop réduit sur le territoire national. Pourtant depuis son entrée en vigueur le 1er janvier 2003, le contrôle technique s’est plus ou moins acquitté de sa tâche, malgré un début difficile. Ne dit-on pas que la fin justifie les moyens ! Et la fin dans ce cas précis, était d’assurer une meilleure sécurité routière, mais en dépit de cette nouvelle mesure, les chiffres n’ont pas changé ! Alors comment expliquer cette triste 4ème place qu’occupe notre pays dans le macabre classement des pays qui enregistrent le plus grand nombre de victimes dans le monde, après les Etats-Unis, l’Italie et enfin la France !! L’excès de vitesse, le non respect du code de la route, l’état désastreux du réseau routier mais aussi la vétusté des véhicules constituent les quatre principales causes, ce que les algériens qualifient de terrorisme routier. Pourtant, si le contrôle technique n’est pas seul responsable de ces sinistres, la logique et le bon sens voudraient que l’on s’interroge, notamment sur la qualité de ses prestations et la nature des contrôles effectués. Pouvons-nous alors parler d’un contrôle technique consciencieux et stricte ? Ce qui est certain, c’est que devant l’ampleur du drame qui entache quotidiennement nos routes, le doigt accusateur est directement pointé sur le laxisme et la complaisance, pratiqués dans certains centres de contrôle.
Synthèse de Ferhat Zafane