La canicule qu’ont connue la plupart des régions du pays, dernièrement, avec des pics de températures de 45 degrés à l’ombre et même de 50 degrés dans le sud et qui avait pris de court les citoyens, revient de plus belle dans la région de Bouira.
La population locale est désemparée à cause de ce nouvel emballement du thermomètre venu aggraver les choses déjà contrariées avec l’avènement du Ramadhan. A l’instar de beaucoup d’autres wilayas du pays, Bouira est frappée de plein fouet par la chaleur après quelques journées plus clémentes. Le mercure a franchi hier les 40 degrés à l’ombre. Cette poussée des températures a eu des répercussions sur les habitudes et le comportement de la population. En quête de fraîcheur, les se démènent comme ils peuvent pour échapper à la ‘’fournaise’’. Ceux qui n’ont pas les moyens de s’offrir des vacances au bord de la mer se contentent de la fraîcheur artificielle des climatiseurs. D’autres, notamment la frange la plus jeune de la population, n’hésitent pas à prendre d’assaut les retenues d’eau de la wilaya. Quant à ceux qui ont la chance d’avoir les moyens, ils s’offrent des escapades vers les plages de Boumerdès ou Béjaïa. Durant cette période de grosses chaleurs, les systèmes de climatisation tournent à plein régime, il est vrai que pour bon nombre de citoyens, ‘’ la clim’’ est le seul et unique refuge. Un petit tour au niveau des marchands d’électroménager de la ville de Bouira suffit pour s’en convaincre. Les unités d’air conditionné se vendent comme des petits pains : «Nous avons eu des ruptures de stocks !», nous a confié un vendeur d’articles électroménagers, situé au niveau du quartier Sayeh au chef-lieu de la wilaya. La même ‘’ruée’’ a été constatée dans les rayons de l’électroménager de l’hyper marché de la ville. Pourtant les climatiseurs, selon leur puissance de (9000 à18 000 BTU), ne sont pas donnés, leurs prix allant de 24 000 DA à 40 000 DA pour les models les plus puissants. Un responsable du rayon électroménager de cette grande surface nous a affirmé : «Depuis le début de ce mois de juillet, nous avons enregistré des ventes records des systèmes de climatisation. Nous avons atteint la moyenne de 10 climatiseurs par jour !». Quelques citoyens interrogés se sont décrits comme carrément ‘’accros’’ à la clim. Mahfoud, un habitant de la cité Evolutive du centre-ville de Bouira, nous a avoué : «Je ne pourrais pas vivre sans ! D’ailleurs, je le laisse allumé toute la journée», avant d’ajouter : «Vivre à Bouira sans la clim, c’est de la folie ! Cet avis, est partagé par Karima, mère de 2 enfants : «Je ne vous cache pas, ces derniers jours la clim tourne non-stop. Surtout que j’ai deux enfants en bas âge, j’ai peur des risques de déshydratation», et d’ajouter : «Vendredi passé la température a atteint les 46 degrés, c’était infernal !».
Les barrages et les Oueds : les plages du pauvre
Autre moyen d’échapper à cette canicule, notamment pour les plus jeunes, celui d’aller se baigner dans les barrages et retenues d’eau de la région, avec tous les risques que cela comporte. En effet, bon nombre de jeunes, le plus souvent chômeurs et sans aucun revenu, n’hésitent pas à braver les dangers inhérents à la baignade dans ces endroits. D’ailleurs, on ne compte plus les drames qui y ont lieu à travers toute la wilaya. Cependant, certains téméraires et inconscients font fi des dangers que représentent ces baignades interdites. Nassim, est l’un de ces jeunes intrépides, qui ne reculent devant rien pour un plongeon dans les eaux du barrage de Tiseldit, ou encore celui de Oued Lak’hal : «Vous savez, nous n’avons pas trop le choix, c’est ça, ou rôtir sous le soleil à l’Ecotec (son quartier, ndlr)», s’est-il justifié. Son ami, Madjid, du haut de ses 22 printemps, va dans son sens : « Quand on n’a pas un sou en poche, qu’on est sans aucun moyen de transport et qu’un soleil de plomb nous crame la peau, on a qu’une seule envie, plutôt une obsession, c’est de piquer une tête», avant d’enchaîner : « Nous sommes bien conscients des risques que nous courons, néanmoins à 45 degrés, la raison cède la place à l’envie irrésistible de se rafraîchir !’’. Nassim quant à lui, a lâché une phrase cinglante : ‘’Les barrages et les Oueds sont les plages des pauvres comme nous !’’. les mieux lotis eux s’organisent dans le but de se payer une journée à moindre frais à la plage. En effet, ces ‘’ navigeurs’’, comment ils se définissent, ont trouvé l’astuce pour s’offrir des petits moments d’évasion sur les cotes de Bejaia ou Boumerdès. Sofiane 24 ans, Amine 26ans et Omar 22 ans, tous trois issus du quartier des 130 logements de Bouira, nous ont raconté leurs escapades et la façon dont ils procèdent. : ‘’Depuis le début de cette vague de chaleur, on a navigué trois destinations. La plage de Saket à Bejaia, celle Zemmouri à Boumerdès et sans oublier Tizgirt, le tout pour 2200 da !’’, nous ont-ils confié. Concernant les modalités de ces vacances ‘’low coast’’, Amine nous a révélé : ‘’C’est simple ! On cotisent et on louent des motos’’.
Piscines ?
Mis à part Haïzer…
Par ailleurs, les piscines municipales peuvent s’avérer salvatrices en ces temps de canicule. Cependant, ces espaces de détente et de loisir sont bien rares à l’échelle de la wilaya. Ainsi, mis à part la piscine de la commune de Haizer, à une vingtaine de kilomètres du chef-lieu de la wilaya, qui offre à ses visiteurs un certain confort et des prestations de services jugées correctes par les citoyens, Bouira ne dispose pratiquement pas de piscines, dites ‘’ grand public’’. En effet, les exemples ne manquent pas afin d’illustrer cette carence en la matière. La piscine de proximité d’Aïn Bessem, dont les travaux de réalisations ont été lancés en juin 2009, n’est pas achevée à ce jour. Idem pour celle de Bechloul. Autre exemple de l’insuffisance de ces structures de détentes, la ville de Bouira ne dispose nullement d’un ‘’Aqua-parc’’, où les petits et grands pourraient se rafraîchir. Hormis une piscine semi-olympique, dont l’accès est réservé aux seuls adhérents. La commune de Kadiria, à une trentaine de kilomètres à l’ouest du chef-lieu de la wilaya, est en passe de se doter d’une piscine semi-olympique. Selon le P/APC de cette municipalité cette piscine ouvrira ces portes en septembre prochain. Cet état de fait, laisse perplexe bon nombre de citoyens interrogés. Ces derniers, ont clairement affiché leur incompréhension, vis-à-vis de ce manque d’infrastructures de loisirs et de détentes. : ‘’Bouira ne peut se passer d’une sorte d’Aqua parc, ou bien d’une piscine grand public. Certes, celle de Haizer est bien, mais elle ne sied pas vraiment à notre wilaya. Il nous faudrait quelque de chose de grand et de mieux aménagé. Les pouvoirs publics doivent se pencher sur la question’’, ont-ils indiqué. Force est de constater que les structures adéquates en la matière sont quasi inexistantes à Bouira, les citoyens, faute de piscine grand en nature, se rabattent sur les piscines… gonflables, du moins pour faire plaisir aux petits.
Ramdane B.

