Cette année, la wilaya de Bouira aura connu une bien piètre couverture en restaurants dits « Iftar » et ce, à travers l’ensemble de son territoire par rapport aux années précédentes où les généreux mécènes étaient aux rendez-vous, chaque Ramadhan, pour alléger les souffrances des jeûneurs exhérédés. Avec près de 32 000 familles nécessiteuses recensées au quatre coins de la wilaya, contre 28 000 l’année écoulée, les services de la DAS ont prévu, pour l’opération «couffins de Ramadhan 2012», une enveloppe estimée à près de 138 millions de dinars qui permettra la distribution de 31 766 couffins au profit des couches les plus démunies. Ainsi, durant ce Ramadhan, 07 restaurants, financés par les APC et quelques bienfaiteurs, ont ouvert leurs portes aux chefs-lieux des communes de Bouira, Sour El Ghozlane, Lakhdaria, Ahnif et Aïn Bessam. Six communes sur 45 que compte la wilaya de Bouira, c’est vraiment un chiffre qui reflète la faible volonté des pouvoirs publics à venir en aide aux couches les plus défavorisées. Cela démontre, également, la limite des collectivités locales qui ne peuvent subvenir aux besoins des nécessiteux. M. Bentarcha, actuel directeur de l’action sociale affirme avoir comptabilisé 07 restaurants et que ce nombre est en baisse, comparativement au huit (08) répertoriés en 2011. «Nous avons reçu dix dossiers de demande d’ouverture de restaurants Iftar, nous en avons accepté sept et rejeté trois. Ces derniers, n’avaient pas rempli les conditions nécessaires, notamment en matière d’hygiène et de capacité d’accueil», a indiqué le DAS. Toutefois, cela ne veut pas dire que les démunis ont déserté les lieux. Hélas non, ces infortunés jeûnent le jour et se contentent de très peu durant la nuit, et ce, en l’absence d’initiatives répondant aux besoins des pauvres. Pourtant, on se rappelle, il y a de cela quelques années, l’engouement de généreux mécènes à participer aux œuvres caritatives, notamment en période de Ramadhan. D’ailleurs, l’un d’eux avait ouvert un restaurant Iftar, l’année passée, dans la localité d’El Esnam. Cette année, après avoir été candidat à la députation, et subi une défaite cuisante lors des élections du 10 mai, ce mécène ne s’est pas manifesté pour renouveler son acte de bienfaisance. Inexplicablement, ce regain d’attention envers les démunis s’est ralenti pour atteindre une sorte de passivité qui ne dit pas son nom. Selon certaines indiscrétions, les bienfaiteurs qui organisaient auparavant « les soupers populaires », ne bénéficieraient plus de rabattements fiscaux comme par le passé. De ce fait, le noble geste, que l’on croyait totalement désintéressé ne l’était pas vraiment. D’un autre coté les partis politiques qui misent essentiellement sur la misère sociale pour convaincre les électeurs et les électrices potentiels ont bien compris le devoir de la Rahma. Ainsi, c’est sans surprise que des structures partisanes qui s’affichent religieusement, s’arrangent toujours pour faire parler d’elles en ces moments cruciaux, tout en profitant du coup d’éclat médiatique. Ouvrir un restaurant Iftar c’est bien et c’est tout à l’honneur de ses initiateurs, mais lorsqu’il s’agit d’un acte visant à profiter de la misère humaine, uniquement pour en tirer des dividendes inavoués, cela peut être qualifié sans avoir trop peur de se tromper, de racolage électoral.
Hafidh B.