Des soirées moroses à Seddouk

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Dans la commune de Seddouk, le manque de loisirs est flagrant. Les gens attendent toute l’année les quelques fêtes nationales, historiques ou culturelles, ou encore le mois du Ramadhan, pour sortir, un tant soit peu, de la routine et de l’ennui, grâce à quelques animations artistiques, théâtrales ou sportives. Mais tout cela semble faire partie du passé car cette année, le manque de galas artistiques se fait sentir durant ce Ramadhan, même si nous n’en sommes, il est vrai, qu’à son début. «Le bon vieux temps où les animations nocturnes se succédaient dans la ville de Seddouk durant tout le mois de Ramadhan n’est plus qu’un vague souvenir. Le centre culturel qui nous a habitués à des soirées bien animées semble avoir perdu sa vocation de nos jours. Les galas, les pièces théâtrales, les films à la cinémathèque…c’est de l’histoire ancienne. Franchement, les soirées du Ramadhan sont nulles cette année. Faute d’endroits où se divertir, il ne nous reste que la rue pour passer la soirée», dira un citoyen. Après la rupture du jeûne, les gens s’occupent comme ils peuvent, les fidèles vont à la mosquée pour la prière des tarawih, les fans de dominos et de jeux de cartes prennent d’assaut les cafés, les jeunes déambulent dans les ruelles ou prennent place dans les jardins publics et les placettes dotées de bancs pour s’asseoir. Quant aux femmes, si elles sortent, c’est pour aller passer la soirée chez des parents ou des amis. Pour d’autres personnes, plus casanières, il y a les programmes télé autour de tables garnies de gâteaux et de dégustations. Fait marquant, néanmoins, les vendeurs de zlabia ne ferment rideau que tardivement et les barbecues qui pullulent à chaque coin de rue, proposent des grillades au feu de bois d’où se dégagent des embruns salés que l’on sent à des centaines de mètres. «Et dire que durant les Ramadhans d’antan, nous avions l’embarras du choix, avec des programmes d’animation divers et riches. Cette année, c’est le désert total à Seddouk. Espérons que ce ne sera pas le cas de tout le mois », explique un autre citadin. Dans les villages aussi le manque de loisirs est criant. Au quatrième jour du Ramadhan, les jeunes se contentent de sortir prendre l’air frais. On les rencontre en groupes, flânant dans les ruelles et routes champêtres, discutant de choses et autres, façon de digérer un peu. Les paresseux préfèrent les placettes où ils s’adossent aux murs ou s’assoient sur des pierres, puisque les bancs sont inexistants. D’autres optent pour les cafés où ils s’adonnent aux dominos et autre belote. Un villageois s’est laissé aller à des confidences : «D’abord, je profite pour rendre un vibrant hommage à feu Cheikh El-mahdi, le chanteur des humbles qui animent gratuitement des soirées ramadanesques dans les villages. Il est à signaler également que le mouvement associatif, censé prendre en charge l’organisation d’animations, pour égayer les soirées des citoyens, notamment les jeunes, a failli à sa mission. Nous ne demandons pas des chanteurs professionnels qui demanderaient des cachets mirobolants, nous nous contenterions de chanteurs amateurs locaux et dieu sait qu’il y en a et ils ne demandent qu’à se produire sur quelque scène. Même Zoubir Tchoupa, qui nous a habitués chaque Ramadhan à des galas bien réussis, ne s’est pas manifesté jusqu’à présent. D’habitude, c’est lui qui donne le coup d’envoi aux galas amateurs ». Un autre jeune, plus optimiste, a également voulu intervenir : «Après tout, nous ne sommes qu’au quatrième jour de carême, il reste encore 26 soirées et rien n’indique que des animations artistiques ne suivront pas».

L. Beddar

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