Bouira Ramadhan by night

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Pour la première semaine du mois de carême, les grandes artères de la ville de Bouira, ont connu une affluence qu’on peut qualifier de timide. On est loin de la grande foule des années précédentes, où le chef-lieu de la wilaya s’animait quelques minutes à peine après la rupture du jeûne.

C‘est du moins ce qu’on a relevé lors d’une virée à travers les différents quartiers de la ville. En effet, au niveau des cafétérias et terrasses de Bouira, on ne se bouscule pas vraiment, certaines demeuraient désespérément vides, même une heure après le f’tour. Seuls quelques habitués, se sont donné rendez-vous juste après avoir “englouti” leurs bols de chorba. C’est le cas de Saad, employé dans la fonction publique. Ce quinquagénaire, avoue : « Rien ne vaut une tasse de café accompagnée d’une cigarette au café du coin! ». Son ami Smail, retraité de son état, vêtu d’une gandoura et sirotant un thé à la menthe, concédera : « Ce Ramadhan, j’ai constaté qu’il n’y a pas grand monde dans les rues. C’est peut-être dû à la chaleur ou bien aux programmes télés diffusés après le f’tour ». Au niveau de la placette Rahim Gallia, l’une des plus importantes artères de la ville, il régnait en ce début de Ramadhan, une ambiance calme pour ne pas dire monotone.

Le sentiment d’insécurité plane

Bon nombre de terrasses étaient carrément désertes vers les coups de 21h. Omar, propriétaire d’une cafétéria jouxtant la mosquée Ibn Badis, dira à ce sujet. « Cette année les gens sortent peu, c’est peut-être lié à un certain climat d’insécurité qui règne depuis quelque temps déjà. Rappelez-vous, il y a à peine un mois, ils ont tué un policier en plein centre-ville ». Pour rappel, à la mi-juin dernier, un attentat terroriste a ciblé une patrouille de la BMPJ, coûtant la vie à un brigadier et blessant deux autres. De plus, au début de ce mois, un tir de mortier, qui avait raté sa cible, à savoir le groupement d’intervention rapide (GIR) de la gendarmerie nationale, a atterri au beau milieu de la cuisine d’un appartement situé au quartier de l’Ecotec, sans faire de victime fort heureusement. Mais cette hypothèse, ne tient pas vraiment la route, au vu de l’impressionnant dispositif sécuritaire déployé tout autour de la ville de Bouira. En effet, les patrouilles mobiles de la police quadrillent la ville et grâce à leur présence, les citoyens se sentent rassurés. C’est du moins ce qu’a déclaré la majeure partie d’entre eux : « Dieu merci, avec ces policiers qui patrouillent, nous n’avons rien à craindre. En plus, rien ne sert de se terrer chez soi, le temps de l’insécurité est révolu, hamdoullah! ». Mais alors, comment expliquer le fait que peu de personnes sillonnent les ruelles de la ville et que les terrasses des cafés soient aussi vides? L’explication semble se trouver du côté des mosquées de la ville. En effet, après avoir eu le ventre plein, les citoyens se consacrent à une activité moins futile et beaucoup plus spirituelle, à savoir la prière. Ainsi, des foules compactes tous âges et sexes confondus, se “ruent” littéralement vers à la prière des tarawih. Les différentes mosquées de la ville sont carrément “ envahies” par les fidèles, pour accomplir la prière d’el aicha et écouter les prêches des imams. Plusieurs fidèles, croisés aux abords des mosquées nous ont déclaré : « Le mois de Ramadhan est avant tout un mois de piété et une occasion de se rapprocher de notre Seigneur. Il faut tout d’abord accomplir notre devoir, ensuite, les soirées et veillées peuvent commencer ».

Après les tarawih, la ville s’anime enfin

Ces déclarations se vérifient de visu, vers les coups de 22h00, juste après la fin des tarawih. La ville s’anime progressivement et les terrasses des cafés et autres placettes sont envahis par les familles. En effet, au niveau du boulevard Zighout Youcef, l’un des plus fréquentés de la ville, les familles se dégourdissent les jambes en logeant cette artère. La gent féminine, s’adonne à l’un de ses passetemps favoris, à savoir le shopping, ou plus exactement le “ lèche-vitrine”. Ainsi, au niveau d’un grand marché situé au quartier Zemmour Arab, en plein centre-ville, les femmes se donnent à cœur-joie, en essayant de dénicher les meilleures affaires. De leur côté les hommes prennent place dans les cafétérias, s’adonnant aux jeux de cartes ou dominos, le tout en savourant une part de kalb el louz, accompagnée d’un bon thé. Les plus jeunes, se retrouvent dans les différents cybers café de la ville. Ces derniers, proposent des jeux en réseau et organisent des tournois, le tout pour 50DA l’heure. Bachir, 20ans, adepte de jeux électroniques dira à ce sujet : « C’est le seul moyen qui nous permet de nous évader un peu et de nous défouler en même temps. Ce n’est un secret pour personne, Bouira ne dispose d’aucun espace de détente ou infrastructure de jeunes digne de ce nom, alors nous faisons avec les moyens du bord! ». Il vrai que le chef-lieu de la wilaya est loin d’être réputé pour ses lieux de loisirs ou de détente. Et pour cause, ces derniers sont quasi inexistants. Le parfait exemple de ce manque criant d’activités, c’est l’esplanade de la maison de la culture. Cette dernière, est carrément laissée à l’abandon, sans éclairage et dans un état de délabrement qui s’accentue de jour en jour. Un citoyen, qui flânait à proximité de cette esplanade, nous a fait part de son incompréhension : « Franchement, c’est du gâchis! Une telle esplanade inexploitée et laissée à l’abandon, c’est absurde!». À la maison de la culture Ali Zaamoum, un riche programme de galas a été tracé tout au long du mois de carême, dans le but d’animer les soirées ramadhanesques, avec des artistes de renoms tels qu’Aït Menguellet, Kamel Chenan et Rabah Asma. Ce dernier a fait “un tabac», lors de son passage mercredi dernier. Enfin, et en ces temps de canicule, les différents marchands de glaces de la ville, sont très sollicités. Au niveau des terrasses du quartier Harkat, du Boulevard de la wilaya ou du quartier de la Cadat, grands et petits s’attablent volontiers autour d’une bonne glace. Vers les coups de minuit, les rues se vident peu à peu, les magasins ferment à tour de rôle et les terrasses de cafés se vident progressivement. En conclusion, Bouira, à l’instar des autres villes du pays, connaît en ce début de carême des soirées plutôt tranquilles, avec une affluence timide. Toutefois, il est fort à parier qu’avec l’approche de l’Aïd, la ville va renouer avec une ambiance beaucoup plus tumultueuse.

Ramdane B

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