La Kabylie brûle !

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Le bilan des forêts incendiées depuis deux mois est accablant.

Selon la protection civile, après rapports des conservateurs des forêts, pas moins de 76 558 hectares ont été ravagés par de violents incendies, du 1er juin au 30 juillet, touchant plusieurs wilayas du pays.Ces énormes pertes n’ont pu être évitées, en dépit des mesures prises par la commission nationale de protection des forêts qui, rappelons-le, avait présenté le dispositif et les différentes mesures entreprises pour prévenir et lutter contre les feux de forêts pour la campagne 2012. Toutes ces mesures, au demeurant importantes, n’ont souvent pas de grandes incidences pour diminuer le nombres de foyers d’incendies. Selon des spécialistes en matière de lutte contre les incendies de forêts, la prévention et la lutte doivent impliquer en premier lieu les riverains des forêts. Investir dans l’information et la formation en matière de lutte contre les incendies de forêts réduira aussi bien le nombre de ces sinistres que les coûts de leur extinction. Aussi longtemps que les populations ne réaliseront pas le danger qu’il y a à allumer un feu en pleine forêt sans prendre de précautions, surtout en période sèche, les feux vont continuer à ravager chaque année des grands espaces forestiers. Le coût d’une campagne d’éducation en matière de lutte contre les feux de forêts est dérisoire comparé aux coûts d’une intervention à posteriori. Avec le prix de cette dernière, on pourrait informer et former des millions de personnes en prévention et lutte contre les feux de forêts.

83 incendies ont causé la perte de 411,5 hectares à Tizi-Ouzou

Au niveau de la wilaya de Tizi-Ouzou, le responsable de la communication auprès de la Protection civile, le commandant Farouk Achour, a indiqué que pas moins de 83 incendies enregistrés en deux mois ont causé la perte de 411.5 hectares à différentes végétations. Région montagneuse par excellence, la wilaya de Tizi-Ouzou n’échappe pas aux incendies de forêts. Les autorités, conscientes de la gravité de ce phénomène récurent, avaient pourtant adopté au début de l’été un plan de prévention contre les feux de forêt, pour l’été 2012, qui a recensé 38 villages, répartis sur les daïras de Draâ El Mizan, Azazga, Azeffoun et Tigzirt, comme étant « à haut risque d’incendie nécessitant une surveillance particulière. Ces villages devaient faire l’objet, cet été d’une « surveillance particulière », dans le cadre du programme de prévention des incendies. La surveillance des hameaux et villages situés en zones forestières, devait se faire par le biais des six (06) postes de vigies implantés sur les hauteurs de Redjaouna (Tizi-Ouzou), Tala Guilef (Boghni), Aboudid (Larbaa Nath Irathen), Tagounit Boudrar (Azazga), Agouni Moussi (Iflissen) et Ait Chafaa (Azeffoun). Ces postes sont chargés d’alerter rapidement, par radio, sur tout départ de feu, pour permettre une intervention rapide du dispositif chargé de l’extinction. Concernant le dispositif de lutte contre les incendies, la Conservation des forêts, a recruté pour une durée de cinq mois, 72 ouvriers saisonniers qui travailleront avec 109 agents forestiers. Pour les premières interventions sur le terrain, cette même institution dispose de 11 camions tout terrain. Pour faciliter l’approvisionnement en eau, la Conservation des forêts a aménagé 23 points d’eau d’une capacité de 50 m3 chacun, situés en milieu forestier.

36 feux ravagent 440,6 hectares de forêts à Béjaïa

La conservation des forêts de Béjaïa a enregistré du 1e juin au 7 juillet 2012, pas moins de 36 feux de forêts dans différentes régions de la wilaya et 53 incendies depuis le début de la saison estivale. Plus de 440.6 hectares ont été ravagés par les flammes durant la même période. Les feux de forêts ont atteint le pic durant les mois de juin et juillet, par apport au mois de juin de l’année passée, indique le responsable de la conservation des forêts de la wilaya de Béjaïa. Ali Mahmoud. Les communes les plus touchées sont Akbou où 150 hectares de végétation ont été ravagés, suivie de Béni Ksila avec 110 hectares. Selon la même source, Akbou demeure, chaque été toujours, en tète des communes les plus touchées par les feux de forêt, suivie par Souk El Tenine, Béjaïa, El Kseur et Adekar. « Les causes de ces incendies restent inconnues », selon le conservateur, mais sont étroitement liées aux grandes chaleurs et aux grandes températures, ainsi qu’à la négligence ou à la maladresse de certains. Il est à souligner que 5 incendies étaient toujours en flammes jusqu’au week-end dernier au niveau d’Adekar, Darguina, El Kseur et Béni Ksila.

250 hectares ravagés en 2 jours à Bouira

En deux jours, un incendie a réduit 250 hectares de forêt du versant sud du Djurdjura en cendres. Les hauteurs du village Halouane (commune de Haïzer), à 25 km environ de la ville de Bouira, ont été transformées en cendres La canicule, avec des températures atteignant les 42&deg,; et un vent sud-ouest qui soufflait très fort, avaient eu pour effet de provoquer une propagation rapide de l’incendie. Après avoir ravagé le côté ouest des monts du Djurdjura, les flammes ont gagné le sommet appelé « le Chapeau du gendarme », à proximité du Chalet vert (connu sous le nom du chalet de Bencherif). Malgré les gros moyens déployés par les éléments de la Protection civile et la Conservation forestière, le bilan est très lourd. 15 hectares de cèdre, cette espèce d’arbre unique sur les hauteurs du Djurdjura, sont partis en fumée. On déplore aussi la perte de 100 hectares de chêne vert et de pin d’Alep.

Origine : Canicule, inconscience humaine…

Les services de la Protection civile ont enregistré depuis le début de la saison estivale, une moyenne de 20 à 25 feux de forêt par jour, engendrés par les températures élevées mais aussi par l’«inconscience» de certaines personnes faisant fi de l’importance de ces espaces boisés. Selon le directeur général de la Protection civile, Mustapha El Habiri, de nombreux incendies de vergers et de palmeraies sont également constatés, imputant leurs origines notamment à la «négligence» de leurs propriétaires qui «les entretiennent mal». El Habiri explique que pour la seule période allant de mardi à jeudi passé 30 feux de forêt ont été enregistrés à travers le territoire national. L’origine de ces incendies, selon M. El-Habiri, est liée, pour la majorité des cas, à la vague de chaleur qui sévit sur l’ensemble du territoire national.

Ferhat Zafane

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