Du rap sarcastique et militant

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Dans son premier album, sorti il y a quelques semaines, Kamel Boudaou emprunte le lexique des quartiers et exorcise la débâcle par l’humour, un argot qui inscrit ses graffitis au vitriol.

Une langue de l’ironie qu’il met au service d’un rap implacable, dont les claques fusent sans appel. Sur les six chroniques en rimes qu’il raconte dans cette aventure solo, le rappeur saisit l’air du temps sans s’embarrasser d’orchestration musicale élaborée. Cependant, il ne mâche pas ses mots et crache tout le bien qu’il pense de «l’Algérie d’en haut». Sans jamais se départir d’un humour grinçant, l’enfant terrible d’Ath Abbès use, sans modération, de l’ironie. A la première écoute, «Akou ni khdaâ Rabi» tient autant de l’art que du canon. A boulets rouges, il tire sur les imposteurs de tout acabit, en retard sur la révolution, sur le peuple, sur l’histoire, mais qui tiennent toujours serrée la laisse. Dans une suite logique «Tidets», revient sur ce choix et sa démarche. Kamel Boudaou, Yanis pour les intimes, justifie son rap qui est «souvent considéré comme un intrus, et l’image que se font les gens des rappeurs est loin de refléter la vérité», explique-t-il. Dans une forme narrative, le jeune rappeur raconte des histoires d’amour qui finissent bien. Un conte de fée dans «Descente voluptueuse», qui se couronne en…ascension sociale. Il retrace ensuite l’histoire rocambolesque d’un jeune qui tourne à l’aigre. «Ilmezyen» décline la mal-vie d’une jeunesse prise entre les mailles de mille misères et qui digère mal les signes extérieurs de fortune qu’affichent de manière ostentatoire les «nouveaux riches».

N. Maouche

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