Une véritable catastrophe écologique à M’Chedallah

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La Kabylie est sinistrée, tel est le constat qui peut être avancé sans risque d’erreur. Les flammes continuent de ravager les dernières poches rescapées du tissu forestier qui entourent le massif du Djurdjura sur ses deux versants. Une avancée systématique et impitoyable sans que quiconque ne puisse faire quoi que ce soit pour limiter les catastrophiques dégâts que subit la partie boisée du Djurdjura qui commence à prendre un lugubre aspect. Dimanche dernier, ce sont pas moins de 05 gigantesques foyers d’incendies qui ont pris simultanément le départ entre 10h et 12h, dans les massifs forestiers qui entourent les daïras de Bechloul et M’chedallah. Les premières retombées ne se sont pas fait attendre, se traduisant dans l’après midi de la même journée par des températures qui sont montées en flèche à partir de 14h pour osciller entre 46 et 48° plongeant ces deux régions dans une véritable et insoutenable fournaise. En effet, ce qui a été jusque là épargné par les premiers incendies de la semaine écoulée des forêts de la partie sud de Tikjda, a flambé d’un seul coup par un premier incendie dans la commune de Bechloul suivi d’un 2ème foyer qui s’est déclaré à proximité d’Imesdhourar, en parallèle à un autre départ de feu à Ighzer Iwakouren dans la commune de Saharidj. Pendant que des colonnes impressionnantes de fumée noire montaient du versant nord du Lala Khedîdja, les cédraies d’Agni Lehwa, qui surplombent Ath Waâvane et Derna dans la daïra d’Ath Wassif wilaya de Tizi-Ouzou, flambaient comme des torches. A la tombée de la nuit, ces colonnes de fumée seront transformées en tornades rouges aveuglantes visibles à partir de Saharidj, le front des flammes dépassant largement les 04km de largeur ce qui laissait deviner aisément l’ampleur du sinistre qui a débordé sur les parcours des pâturages de ces deux villages où se trouve actuellement le cheptel bovin qui compte des centaines de têtes, lâchées en pleine nature à proximité de la grotte du macchabée, sans oublier que c’est la période de la mise bas. L’intensité de cette nouvelle série d’incendies qui a progressé en largeur et en longueur durant la journée du lundi est due au fait qu’ils se sont manifestés simultanément en haute montagne, sur les flancs boisés du Djurdjura fort accidentés, sans accès pour les véhicules des pompiers et des forestiers qui ne savent plus ou donner de la tête et ne font qu’assister impuissants à la destruction des dernières poches du tissu végétal de la haute Kabylie. Où sont les canadairs qui ont fait couler tant d’encre et de salive ? Quand on sait que nos décideurs sont allés jusqu’à aménager une piste d’atterrissage pour ces appareils à Haizer l’on se demande ce qu’ils attendent pour les faire intervenir et sauver ce qui pourrait encore l’être des légendaires forêts du Djurdjura qui comptent plusieurs espèces animales et végétales rares et d’autres en voie de disparition. Autour du massif du Djurdjura existent au moins 05 barrages remplis et opérationnels qui permettraient à ces avions de s’approvisionner rapidement en eau, rien, apparemment, ne justifierait donc la non intervention desdits canadairs. Signalons enfin qu’au moment où nous mettons sous presse, ces foyers énumérés ne sont toujours pas maîtrisés et continuent leur œuvre de destruction.

Oulaid Soualah

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