C’est à 22h50 exactement que le poète philosophe de la chanson kabyle, Lounis Aït Menguellet, fit, mercredi dernier, son entrée sur la scène du stade Oukil Ramdane de Tizi-Ouzou, .
C’est à une ovation prolongée que le chanteur a eu droit de la part d’un public nombreux, estimé à plus de 3 000 spectateurs. Sobre et poète, et comme à son habitude, le chanteur avait son pied fléchi sur un tabouret bas. Ce fut l’explosion dès les premières notes de la première chanson : Imesdhourar (Les montagnards). Car il faut l’avouer, la majorité des spectateurs présents étaient descendus des montagnes, pour voir, écouter et applaudir le sage. Aït Menguellet, a au cours de cette soirée, puisé dans ses anciennes chansons qu’il a savamment réactualisées, sans doute pour les faire connaître aux nouvelles générations qui n’ont pas encore fait connaissance avec son répertoire. Les chansons sentimentales ont pris le dessus sur les chansons politiques. Cependant, il gratifia tout de même, le public de : “ Ammi” (Mon fils), (Le burnous), (J’ai perdu le procès et je suis entré en prison), chaleureusement applaudies. Ats nadhigh félam (Je te cherchais), Awal( La parole), Semhiyi a damsamhagh (pardonne-moi, je te pardonnerai), Achu izrigh, Urighas thabrats n slam ( Je lui ai écrit une lettre !) – Svar ayul (Coeur ! patience !), telles furent les chansons interprétées au cours de la première partie du gala. Achu Izrigh a été admirablement reprise en choeur par le public qui ne cessait de balancer les bras de droite à gauche en signe de reconnaissance, de confiance et de complicité avec le chanteur. Aminigh Awal Fehmith (Je te dirai une parole, saisis-la!) était plutôt adressée à la femme, à toutes les femmes de cette Kabylie, aujourd’hui meurtrie. Elle fut reprise d’un bout à l’autre, suivie d’applaudissements, de youyous de la gent féminine, présente en force, ce soir-là. Dans cette chanson, le philosophe couvre la femme d’éloges, la glorifie et, dans le stade, ce fut le délire. Puis, il enchaîna avec “ JSK”. Deux chansons que le chanteur ne dissocie pas, elles sont intimement liées. C’est cette femme justement, cette montagnarde, cette kabyle qui a enfanté ces héros qui ont fait de la JSK se qu’elle fut, il y a quelques années. Qu’elle gagne ou qu’elle perde, c’est notre symbole. Et c’est dans ce même stade que la JSK avait fait ses débuts pour ensuite atteindre les sommets de la gloire. Au retour de la pause d’une dizaine de minutes, le philosophe continua à distiller ses chansons à un public assoiffé de poésie. Il fit monter la température dans un stade déjà en transe. Anfiyi (Laisse-moi), Mananas meden yeroual (Les gens disent qu’il s’est sauvé), Nuvak efrah (A ton tour d’être heureux), entre autres chansons que le public a appréciées. En effet, à la fin du spectacle, les gens étaient au comble du bonheur. « Bravo Lounis. Que Dieu te protège et te donne longue vie!», lança un homme d’un certain âge. D’autres dirent : « c’est un régal, nous le remercions du fond du coeur! C’est un génie !). Des qualificatifs qui vont comme un gant à un Lounis qui n’a rien perdu de son aura.
Arous Touil

