C’est la réalité toute crue ! Près d’un demi-siècle après l’indépendance et au moment où l’on parle partout, de la gratuité de transport des élèves à travers toutes les régions du territoire, les enfants de la coquette station balnéaire Melbou n’ont pas encore goûté à cette faveur de l’Etat et ne disposent toujours pas de moyens de transport pour rejoindre leurs établissements scolaires, même avec leur propre “argent”.En effet, devant la situation anarchique qui règne en maîtresse dans les secteurs du transport public de voyageurs et l’inertie des autorités locales, les élèves éprouvent d’énormes difficultés pour arriver à l’heure et ne savent plus à quel saint se vouer pour faire part de leurs souffrances.“Les années se succèdent mais, malheureusement, se ressemblent”, nous a déclaré un lycéen. Et d’ajouter : “On a beau attendre le ramassage scolaire mais, réellement, rien n’est venu atténuer nos douleurs”.Selon les témoignages que nous avons pu arracher auprès des potaches, la majorité des élèves se rendent difficilement au lycée local à partir du village de Tizi El Oued et ce grâce à la présence de certains “fourgons-clandestins”.“Le jour où la gendarmerie nationale dressera son barrage, personne ne pourra arriver à l’heure”, nous a confié une lycéenne de classe de terminale, du côté des “falaises”, lieu d’implantation du CEM Melbou, sur une route qui ne désemplit pas. Chaque jour, des centaines d’élèves longent l’asphalte pour rejoindre leur établissement à pied sur une route nationale (RN 43) très dangereuse, fort bien fréquentée par des camions de gros tonnage qui s’approvisionnent à partir du pont de Jijel.Ces enfants souffrent le martyrs en parcourant cette distance à la recherche d’une hypothétique instruction tout en s’exposant à un danger réel.Du côté de Bouhiane, les élèves qui arrivent à décrocher une place dans les fourgons doivent débourser dix dinars pour un trajet qui ne dépasse pas deux kilomètres”.“Les chauffeurs ne s’arrêtent que rarement et quand ils freinent, ils exigent d’être payés à l’avance”,nous a dit un collégien de Tizi El Oued. Et d’ajouter : “malgré la complicité qui est née entre nous, le receveur n’oublie pas de brandir le petit ticket pour encaisser son dû”.Qui a dit donc que nos enfants vivent une enfance heureuse ?En attendant, personne ne se soucie de cette situation et le calvaire des élèves continue, à leur grande déception.
Rabah Zerrouk
