L’imam menteur

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(1re partie)

«Amachahou rebbi ats iselhou Ats ighzif anechth ousarou» (Ecoutez, que je vous conte une histoire, Dieu fasse qu’elle soit belle, longue et se déroule comme un long fil).

Calomnier un homme c’est beaucoup, calomnier une femme c’est lui faire supporter un lourd fardeau. Dans l’histoire du terroir qui va suivre, nous allons voir justement les conséquences d’une calomnie.Jadis, vivait en harmonie une petite famille, composée du père, de la mère, du fils et de la fille. La fille est très belle, sa beauté est exceptionnelle. Elle est aimée et choyée par tous les membres de sa famille.Un jour, après avoir économisé de l’argent durant de nombreuses années, le père pieux musulman qu’il est décide de faire un pèlerinage afin que lui aussi à son retour, on lui décerne le titre de Hadj. Pour accomplir ce rite, il s’est fait accompagner par son fils pour l’aider, car à cette époque le pèlerinage se faisait à pied.Avant l’ultime départ il dit à sa très belle fille, en présence de sa mère :“- Nek ad’ rouha’agh ar elh’idj a illiOur kem iz’er la ayour la it’ij ig’enni !(Je vais partir en pèlerinage ma fille, ni la lune, ni le soleil ne te verraient jamais !)”Après lui avoir recommandé de rester cloîtrée jusqu’à son retour, il lui dit encore que le jour où il reviendrait, il se signalerait à elle, en lui jetant du haut du mur qui entoure sa demeure son turban et sa canne. Sans cela, il lui est formellement interdit d’ouvrir à quiconque. Pour que sa femme et sa fille puissent vivre à leur aise, il leur ramène des denrées qui leur permettront de tenir une année.C’est rassuré, le cœur gonflé que le père et le fils montent sur leurs destriers et partent en terre inconnue.Quelques mois après le départ du père, la jeune fille décide de monter à l’étage au-dessus pour contempler la nature. Comme c’était le moment de “l’ad’an” (appel du muezzin à la prière du soir) elle passe sa tête par une lucarne, comme le minaret de la mosquée surplombe leur demeure, l’imam au moment de lancer l’appel est surpris par la jeune fille ayant tant de grâce et de beauté, dit :“- Allah a laâdjev !(Dieu c’est incroyable !) Au lieu de dire Allah ou Akbar (Allah est grand)”.Pour se justifier de sa bévue auprès des fidèles, l’imam ment à propos de la jeune fille. Le mensonge grossit, il est commenté par tous les villageois qui s’en donnent à cœur joie. L’innocente jeune est calomniée et accusée des pires infamies. On la traite de fille de mauvaise vie.La nouvelle se répand de bouche à oreille dans toute la contrée et ne tarde pas à arriver, colportée par les gens du pays, aux oreilles du père, qui devient la risée et objet de quolibets. Quelqu’un le met au courant des faits. Courroucé, le père ne veut pas mettre un terme à son projet, mais pour châtier sa fille, il ordonne à son fils de retourner au pays, de tuer sa fille et de lui rapporter son foie pour le manger et son sang pour l’ingurgiter.Quand le fils arrive devant la demeure familiale, il se signale à sa sœur en lui jetant du haut du mur son turban et sa canne.

Benrejdal Lounes(A suivre)

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