Les rues, ruelles et places publiques du chef-lieu de daïra sont depuis un peu plus d’une semaine envahis par des revendeurs à la sauvette de jouets et pétards qu’ils étalent en vrac et en gros tas, profitant du moindre espace et ce qui restait de libre des trottoirs. Au niveau du boulevard principal de la ville de M’chedallah, un fait remarquable, pour ne pas dire choquant, est la composante de ces jouets, pour la plupart de fabrication chinoise, des reproductions en plastique d’un véritable arsenal de guerre kalachnikovs, mitraillettes, PA, cagoules sous forme de masque et explosifs à base de puissants pétards, fusées lumineuses, fumigènes, malgré le fait que l’importation de ces effrayants pétards soit interdite depuis plus d’une dizaine d’années. Ces armes factices se font plus envahissantes que jamais à chaque fête religieuse et volent la vedette au reste des jouets proposés. En plus des nombreux désagréments qu’ils causent aux citoyens, avec les bruits stridents qu’ils dégagent, même à des heures très tardives de la nuit, ces pétards sont causes de maints accidents dont les enfants sont victimes en les manipulant. Le reste des armes ne sont pas non plus inoffensives, avec des klachs et berettas dotés de chargeurs encastrés garnis de billes dures en plastique propulsées par de puissants ressorts qui peuvent crever un œil. Tout cela combiné à des prix hallucinants, allant jusqu’à 1 500DA pour les armes lourdes, les blindés et avions de combats électriques et entre 100 à 500 DA pour les pétards selon la puissance et la dimension. Par ailleurs, cet authentique arsenal de guerre influe sensiblement sur le comportement des enfants qu’il incite à des jeux de violence, la mode cette année étant aux affrontements inter quartiers, où se forment chaque nuit des bandes rivales qui s’initient aux techniques de combat en reproduisant des séquences de films violents diffusés par des centaines de chaînes de télévision trop facilement accessibles pour des enfants. Il est devenu très fréquent de voir des bandes de guerriers en herbe terminer le combat dans un violent corps à corps ou à coups de pierres une fois les munitions épuisées. Il n’est pas rare non plus de voir les parents prendre le relais et terminer la bagarre. Est-ce là le seul moyen de distraire nos enfants et de leur faire plaisir? Nos enfants ne sont-ils pas suffisamment nourris de violence avec tout ce qui se passe autour d’eux depuis une vingtaine d’années ? « Et l’on s’étonne de la montée de la violence qui sévit au quotidien au sein de la société ! », nous dira un père de famille désemparé devant autant d’anarchie.
Oulaid Soualah