La Maison de la culture de Béjaïa, a abrité vendredi dernier, une soirée théâtrale qui n’a pas laissé indifférent le public béjaoui. La pièce présentée et interprétée par le groupe amateur Hamadiyine de l’association des amis du théâtre de la ville de Béjaia, est intitulée INES. La mise en scène est de Mouloud Boussemar et le texte de Zahir Ouaret. Le public, bien qu’en symbiose avec les acteurs, s’est fait, quelques fois assez critique en raison de certains manques. Démarrage quelque peu boiteux, et à presque vingt minutes du début de la représentation, les trois paramètres fondateurs du spectacle, « l’espace, le temps et le fil de l’histoire», ne sont toujours pas délimités. Première scène : Une rue anodine où un jeune vendeur de cigarettes déclare sa flamme à une jeune fille dont il est amoureux, s’ensuit une situation confuse sur un fond de malentendus, mais cette fiche de lecture se perdra, par la suite, au point de ne pas retrouver l’impact de ce quiproquo dans le déploiement de la pièce. Quelques difficultés de calibrage de certains tableaux donnaient l’effet de redondance dans le déroulement de l’histoire et, surtout, un démembrement de ses segments, ce qui affectait la cohésion d’ensemble des unités scéniques. Fondamentalement, le problème devrait être appréhendé au niveau de l’écriture. Beaucoup de violence sur scène, parfois même physique et réelle, or, dans le théâtre, on suggère une violence par le geste, sans arriver aux coups ou à tirer par les cheveux. Cependant, une application remarquable des acteurs dans leur jeu démontre une maîtrise conséquente de l’art de la scène. L’idée des décors sommaires évoque la parabolique du théâtre pauvre, concept du célèbre dramaturge Grotowski, où c’est juste un rideau peinturluré auquel on change de position pour suggérer, tantôt la rue avec des tags, tantôt la maison avec une fenêtre fermée sur le monde. Nonobstant les manques constatés, on a eu droit à plus d’une heure de délire, d’un spectacle haut en couleur où parfois on tord le cou aux conventions, comme seul sait le faire le théâtre amateurs. Cela rappelle le théâtre populaire d’Egypte où plusieurs activités se passaient dans la salle, en parallèle au spectacle lui même. Autant les comédiens s’éclataient sur scène autant, le public se bidonnait de rire.Certains spectateurs, pour «participer» à vive voix dans le jeu, ne se sont pas gênés de suggérer des répliques. Le public prend des libertés dans un théâtre où il se reconnait et auquel il s’identifie. Bien entendu, certains comédiens ont brillé par leur talent, notamment Zahir Ouaret, dans le rôle de si Ammar (le vieux), et aussi de Tarid Saouli dans le rôle de Nassim (le vendeur de cigarette). Un clin d’œil particulier à une valeur montante, Imane Meddour, dans le rôle de la petite fille de si Ammar. La prestation de ces acteurs a donné du tonus à la pièce.
N. Guemghar