La Kabylie a brûlé !

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Quelques 4 825 ha de végétation, dont 2670,5 ha de forêts, sont partis en fumée, depuis le début de l’été dans la wilaya de Tizi-Ouzou, selon des chiffres fournis à l’APS par la Conservation locale des forêts.

Des pertes qui dépassent de plus de 13 fois celles enregistrées durant la même période de l’année passée.

Les incendies ont pris de l’ampleur durant le seconde moitié du mois en cours, avec une moyenne quotidienne de dix départs de feu à travers les différentes localités de la wilaya, avec un pic enregistré durant la dernière semaine du Ramadhan qui a vu une perte d’au moins 850 hectares de différentes formations végétales, rien que pour les cinq derniers jours du mois sacré. Selon la Conservation des forêts, les superficies brûlées l’ont été suite au déclenchement de 48 incendies à travers les différentes localités de la wilaya, dont notamment Yakouren, Zekri, Azeffoun, Tamgout, Mizrana et Frikat. Dans le bilan fourni, avant-hier, à l’APS par la Conservation des forêts, ces incendies dévastateurs ont touché une centaine d’hectares de vergers arboricoles, dont notamment des oliveraies et des figueraies, 345 hectares de forêts, 315 ha de broussaille et 90 ha de maquis dans les localités citées.

Dans son bilan arrêté au 20 août courant, le service de la protection de la faune et de la flore au niveau de la Conservation des forêts fait état de la destruction par le feu d’un total de 4825 ha de végétation, dont 2670,5 ha de forêts, 666 ha de maquis et 908 autres de broussaille. Le nombre d’incendies qui se sont déclarés pendant cette période s’est élevé à 335 sur l’ensemble du territoire de la wilaya.

Des incendies qui ont fait des ravages sur le patrimoine arboricole de la wilaya qui a vu, depuis le début des incendies, la perte d’environ 40.000 arbres fruitiers, dont 36.000 oliviers, et ce, pour une superficie parcourue par le feu de 574 hectares. Une situation alarmante qui fait craindre le pire pour les habitants des localités touchées par les incendies, surtout lorsqu’on sait l’importance de l’olivier dans la vie sociale et surtout économique de la région. Ces derniers, qui ont assisté la mort dans l’âme à la disparition de leurs oliviers, dont certains sont hérités de génération en génération, voient ainsi leur unique source de subsistance réduite en cendre en l’espace de quelques heures. Une véritable catastrophe qui aura pour conséquence la réduction de la récolte d’huile d’olive pour cette année et qui devra donc se répercuter sur son prix, au grand dam des consommateurs. Au delà de l’origine de ces incendies, qui ravagent chaque année des milliers d’hectares de forêts et des centaines de milliers d’arbres fruitiers un peu partout à travers la Kabylie, la question qui ne cesse de tarauder les esprits est celle qui concerne les moyens de prévention et surtout d’intervention mis en place par les pouvoirs publics pour faire face à ces situations. Tous les spécialistes sont unanimes : Face à des situations d’urgence, il faudra des moyens d’urgence, mais malheureusement, chez nous, on est encore loin du compte, comme l’a si bien signalé un responsable de la Conservation des forêts. « Avec l’enregistrement d’une moyenne quotidienne de 10 incendies, nous avons vécu, cette année, une situation exceptionnelle, exigeant des moyens exceptionnels pour y faire face avec célérité et efficacité », a indiqué en effet, à l’APS, M. Moussa Tabti, conservateur des forêts, pour mieux souligner la nécessité de « doter le secteur des forêts en moyens aériens d’intervention (hélicoptères), pour combattre le feu en des lieux inaccessibles, de par le relief fortement accidenté de certaines superficies boisées ». Un aveu qui en dit long sur les manques constatés sur le terrain, car il n’est pas normal de voir, chaque été des milliers d’hectares de notre patrimoine forestier partir en fumée sans se soucier des moyens à mettre en œuvre, au moins pour circonscrire l’ampleur des dégâts.

A. C.

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