Thaâricht Bouchène (refuge du loup) est une bourgade d’environ 25 foyers situés sur une haute colline qui surplombe la ville de M’Chedallah et relevant historiquement du village Ath Ivrahim. Prise en sandwich entre deux profonds ravins, la piste qui la relie au chef-lieu de commune distant d’environ 600m, constitue l’unique voie d’accès qui a été complètement dégradée lors de la réalisation du réseau d’assainissement et celui du gaz de ville, il y a deux ans. Ne voyant rien venir malgré les promesses de l’APC, un groupe de résidents nous fait part de leur désarroi face à la sourde oreille que font leurs autorités à leur légitime doléance d’autant plus que la saison humide approche à grand pas ; ces citoyens se voyant déjà revivre le calvaire d’un hiver sans route avec toutes les conséquences qui en découleraient. La plupart de la dizaine des citoyens sont des vieillards dont l’âge varie entre 80 et 90 ans, qui affirment entrer en hibernation en même temps que les animaux qui dorment durant tout l’hiver, à cause de cette piste qui les cloue chez eux. Aâmi Saïd un septuagénaire sur le visage duquel se lit la déprime nous apprend qu’il a dû se séparer de sa bête de somme qui le tirait d’affaire ne pouvant plus l’entretenir et affirme que son angoisse de se retrouver cloîtré chez lui durant presque six mois augmente au fur et à mesure qu’approchait l’hiver. La même angoisse tenaille la quinzaine d’écoliers du primaire auxquels cette piste raide et boueuse donne des cauchemars. Saïd, père de famille, ampute la déperdition et l’échec scolaire des enfants à l’état de cette piste superbement ignorée par les autorités locales, l’une des toutes dernières voies d’accès d’Ath Ivrahim non revêtue avec celle de Thigzirine, localité dépendant du même village. Nous croyons savoir en ce qui concerne cette dernière de la bouche même de quelques résidents que le chef de daïra en personne se serait engagé à faire le nécessaire pour sa prise en charge, cela après plusieurs mouvements de protestation souvent houleux des résidents de Thigzirine, une agglomération périphérique du chef-lieu de daïra. Reste à espérer que le premier magistrat de la daïra ferait de même avec la piste de Thaâricht Bouchène dont cette voie d’accès est le dernier moyen d’accompagnement non réalisé puisque l’AEP, le gaz de ville, l’assainissement et même l’éclairage public sont fonctionnels. Un dernier effort et elle serait complètement développée, a l’instar de toutes les cités d’Ath Ivrahim.
Oulaid Soualah
