La wilaya de Bouira s’étend sur une surface de 4 456,26 km2, dont 64% sont à vocation agricole. Ce chiffre reflète à lui seul l’importance du secteur de l’agriculture à travers la wilaya.
Cette activité agricole, est essentiellement dominée par la céréaliculture et la culture maraichère. Les régions de Aïn Bessam, Sour El Ghozlane, Aïn Laloui et Bechloul pour ne citer que celles-ci, représentent le gros du rendement en matière de céréales tous types confondus. Selon les derniers chiffres fournis par la Direction des services agricoles (DSA), quasiment deux millions de quintaux de céréales ont été récoltés cette année. Ce chiffre pourrait, selon certains experts, être doublé voire triplé si ce n’était l’invasion du béton, qui a englouti des centaines d’hectares de terres agricoles mais aussi faute de volonté des jeunes générations plutôt réticentes à s’investir dans le travail de la terre. En effet l’activité agricole a subi un grand coup de ralenti, en témoigne ces étendues jadis verdoyantes à longueur de l’année et restent de nos jours inexploitées dans leur grande partie. Du moins celles qui ont été épargnées jusque là par l’avancée effrayante du béton. Bouira, à l’instar des autres wilayas dites agricoles, subit de plein fouet l’avancé du béton qui empiète sur le secteur et afin de bâtir des logements et même des pénitenciers (prison de localité de Saïd Abid). Certes, il existe des projets qui nécessitent ce ‘’sacrifice’’, dans le but d’instaurer une politique de développement viable, à l’image des barrages de Koudiat Asserdoune et Tilesdit, qui à eux seuls ont ‘’ consommé’ près de 4000 hectares de terres fertiles. De plus, Bouira tente ces dernières années d’émerger par des projets d’envergures, tels que le passage de l’autoroute Est-Ouest sur plus de 100 km, la construction de logements de divers types, pour tenter d’endiguer la crise du logement. Cependant, il y a des prix à payer qui peuvent déconcerter. Les exemples les plus édifiants sur cette avancée ‘’ sauvage’’ du béton sur des terres riches et fertiles qui peuvent booster la production des céréales et autres cultures, sont sans conteste la construction d’un centre pénitencier au beau milieu d’un champ agricole, mais aussi le futur pôle universitaire de Bouira, qui a englouti à lui seul… 55 hectares ! Pour le premier, à savoir la prison de Saïd Abid, il est le parfait exemple de ‘’ l’idiotie’’ et du manque de discernement des pouvoirs publics. Pourtant, dès l’inscription du projet, qui a ‘’ ingurgité’’ des dizaines d’hectares, bon nombre de citoyens ont crié au scandale le qualifiant de ‘’ monumentale bêtise’’. Idem pour le pôle universitaire de Bouira, qui est en cours de constriction à proximité de l’ex- ferme des Allemands, à la sortie Est de la ville. Là aussi, ce ne sont pas moins de 55 hectares propices à divers types de cultures qui ont été ‘’ dilapidés’’. Selon quelques experts interrogés, le futur pôle universitaire aurait très bien pu être implanté en dehors de la ville et surtout ne pas empiéter sur des terres laissées en jachères et qui ne demandaient qu’à être exploitées. Ces deux projets, ne sont qu’un échantillon de certaines ‘’ dérives’’ de la politique du développement à tout prix, d’après les mêmes spécialistes. En outre, la région Ouest de la wilaya, propices à la culture maraîchère, agrumes et autres arbres fruitiers, a été carrément dévastée par certains entrepreneurs peu scrupuleux et avides de profit. Les localités de Ziraou et Ouled Assem, relevant de la commune de Kadiria ont été‘’envahies’’ par le béton lié à l’expansion du domaine urbain. De tout cela, on peut se faire une idée sur la situation de l’avancée du béton au détriment des terres agricoles à travers la wilaya. Bouira est tiraillée entre, d’un côté un développement structurel plus que capital pour son avenir et ses ambitions, de l’autre, la préservation de sa caractéristique de wilaya à vocation agricole. C’est à cette équation complexe, que les pouvoirs publics devront mieux réfléchir.
Ramdane. B